Les ténèbres illumineront nos chemins # PV Scylla

Le prince Scylla étouffa un grognement de mécontentement.

Cela faisait 30 minutes. Trente longues et interminables minutes qu'il attendait à l'entrée du jardin sud du palais de Kou que le grand prêtre de l'empire daigne faire son apparition.

Il faut dire que dans la tenue des membres d'al-thamen, le blond marinait. Il n'y a pas idée de porter de tels vêtements sous ce soleil de plomb! Il aurait tout donné pour pouvoir se débarrasser de ce turban ridicule qui lui cachait le visage afin de remettre ses habits habituels. Mais cela aurait été contre les règles. Le mage devait donc le supporter sans mots dire... tout comme le retard du magi.

Certes Judal n'était pas réputé pour sa promptitude, ni même son sens des convenances. Mais là, il y avait des limites. La patience du jeune homme était mise à rude épreuve tandis qu'il rongeait son frein en faisant le pied de grue à coté d'un tapis qui devait les transporter tout les deux dans un royaume lointain.  

De plus, le jeune homme était de méchante humeur. Trois raison à cela ( en plus de l'absence de celui qu'il attendait)

Primo, alors que le chevalier espérait enfin être libre de retourner dans son royaume après avoir mener à bien une mission pour l'organisation, on lui en avait confié une nouvelle. Certes elle était des plus honorifiques. Beaucoup aurait aimé être à sa place et escorter le magi alors qu'il allait faire surgir un  donjon, apportant ainsi un nouveau jalon vers le retour du "pére". Mais Scylla en avait cure. Il ne courrait pas après les honneurs et ne voyait pas ce qu'il y avait de si glorieux à servir de nounou.

Deuzio, le prince était inquiet. Les nouvelles de sa sœur n'étaient pas bonne. Son état physique ne s'améliorait pas , mais pire encore , son état mental était de plus en plus instable.  Hier encore, elle avait massacré sa coiffeuse sous prétexte que cette pauvre fille lui avait arraché un cheveu.

Et enfin , il n'avait pas pu trouver le temps de revoir Sadjia. Et cela l'ennuyait au plus haut point car la belle babylonienne ne cessait de hanter ses pensées.

En bref , ce ne fut pas dans les meilleures dispositions d'esprit que le blond vit enfin arriver Judal.

Le grand prêtre avançait vers lui de sa démarche nonchalante, l'air indolent et les mains derrière la tête comme en promenade.

Le blond eut envie de le secouer un bon coup, mais il se retient. Il savait que sous ses airs de grand enfant paresseux se cachait un être capable par caprice de mettre des états à feu et à sang. Alors la carte de la prudence s'imposait. Après tout ce n'était que pour une mission, Scylla pourrait bien le supporter le temps d'un aller retour.

Le brun s'avança vers lui. Sa longue tresse dansait dans son dos. Avec un sourire et des intonations doucereuses, il tendit sa main vers le prince d'Ogléans , comme pour le saluer:

"  ▬ Yo ! J'imagine que c'est avec toi que je dois faire cette mission c'est Scylla n'est-ce pas ? Moi c'est Judal, enchanté. "

L'interpelé dédaigna la main tendu se fendant d'une révérence la main sur le cœur, à la mode d'al-thamen, il répondit d'un ton tout aussi mielleux:

"- Messire, veuillez recevoir mais plus sincères et mes plus courtoises salutations. "

Puis le jeune prince se redressa et avec une certaine ironie, ajouta:

" - Maintenant que vous m'accordez l'immense plaisir de votre présence , pouvons nous nous mettre en route?"

Le mage déplia le tapis , invitant d'un geste le magi à prendre place avant de lui même monter sur l'objet volant. Qu'il le prenne bien ou qu'il le prenne mal , Scylla n'allait pas faire, contrairement à certains de ses collègues, des courbettes devant le grand prêtre. Beaucoup espérait ainsi en obtenir les faveurs et attirer l'attention de la grande prêtresse qui dirigeait al thamen.

Scylla quant à lui ne souhaitait qu'une chose: en finir au plus vite avec cette maudite mission et rentrer chez lui.

Sans se départir de son éternel sourire poli, (même s'il ne se voyait guère, derrière le voile qui lui masquait le visage) le mage blond s'assit derrière le magi sur le tapis.

En quelques instant, la carpette décolla, prenant la direction d'un petit pays situé au fin fond du continent central. Tandis que le brun semblait s'intéresser au paysage qui défilait sous leurs pieds, son compagnon préféra dérouler un parchemin pour mieux étudier leur destination. Homme prévoyant , Scylla n'aimait pas les surprises. Même s'il ne s'agissait pas d'un voyage d'agrément , et qu'ils ne resteraient sans doute que quelques heures sur place, il lui paraissait nécessaire de s'enquérir sur la population locale.

Pour cela , il retira son insupportable coiffe ( au diable le décorum!) et mit ses lunettes sur le nez avant d'entamer sa lecture.

L'état qui intéressait tant Al-Thamen était une petite monarchie en proie aux troubles depuis maintenant 15 ans. Le souverain , homme cruel et avare, taxait son peuple sans vergogne à tel point que les révoltes s'enchainaient à un rythme effréné. Mais à chaque fois elles étaient matées dans le sang , ce qui attisait la haine de la population; La conjoncture parfaite pour l'organisation. Il s'agissait maintenant de créer un roi noir. Et pour cela , Judal allait devoir faire surgir un donjon de terre et sélectionner son candidat parmi les locaux. Cela ne devrait pas être compliqué à trouver quelqu'un assez dévoré par la dépravation pour servir de pion.

Alors qu'il était entrain de réfléchir à la meilleur approche du problème , le blond fut interrompu par le magi:

"▬ Scylla-kun je ne sais pas grand chose de toi et si pour faire passer le temps de ce voyage interminable tu me parlais de ta petite personne? "

Le chevalier d'Ogléans releva la tête, surpris. Ses yeux rouges observèrent d'un air suspicieux le magi, tandis que d'un sourire , le jeune homme répondait à son étrange camarade:

" - Il n'y a rien de bien intéressant à dire sur moi. Comme vous le savez , Ô grand prêtre, je me nomme Scylla d'Ogléans et je serai votre humble serviteur pour se voyage. D'ailleurs auriez-vous..."

Avant qu'il ne puisse poursuivre sa question , le prince fut arrêté par une volée de flèches enflammées. Plusieurs d'entre elle se plantèrent dans le tapis , le faisant se lever d'un bond. Bon sang! On les attaquait depuis la terre. L'étoffe de leur moyen de locomotion prit bientôt feu, obligeant les deux jeunes hommes à requérir à la magie , sans quoi ils finiraient par s'écraser sur le sol.

Avant que Scylla n’ait pu agir, le Magi intervient. Utilisant son bjorg et sa magie de gravitation, il évita aux deux mages de finir percés de toute part par les flèches qui pleuvaient drue. Bien que pouvant se débrouiller seul, le chevalier rouge fut ravi de cette initiative qui lui faisait économiser du Magoi. Car contrairement au brun, lui n’avait pas un accès illimité aux rhuks et la magie de la gravité était particulièrement gourmande en énergie.
 
Il n’empêche que quand le magi le lâcha, le blond s’empressa de former un bouclier magique autour de sa personne qu’il renforça avec un peu de magie de la force. Ses expériences récentes avec des manieurs de djinn lui avaient appris à devenir encore plus prudent qu’à l’accoutumé. Bien à l’abri derrière son écran protecteur, il put ainsi admirer le déchainement de la colère de Judal qui semblait s’en donner à cœur joie sur ses pauvres pécores.
 
Mais là Ô stupeur ! Au lieu d’atteindre leurs cibles comme on aurait pu s’y attendre, les flèches de glaces du grand prêtre furent arrêtées dans leur course par une barrière magique semblable à la leur. Non… à mieux y observait, elles étaient bien moins puissantes et beaucoup plus fragile. Les yeux rouges du prince se plissèrent.
 
A son tour, il dégaina son sceptre magique, arma son bras et envoya une onde de choc sur la petite masse grouillante à ses pieds. Un des boucliers vola en éclat et le sort écrasa quatre hommes dans un bruit de fruit trop mûr. Mais les autres barrières tinrent de nouveau le choc en scintillant doucement. Les barbares mal dégrossis qui se trouvaient dessous hurlèrent de colère menaçant le brun et le blond de leurs poings levés.
 
Scylla sourit se tournant vers Judal :
 
«  Grand prêtre, il semblerait que Magnostadt ait encore vendu des artéfacts magiques à une troupe de voleurs en manque de sensations fortes. Que souhaitez-vous que nous fassions ? »

« ▬ Ce que nous devrions faire ? Hm.. Tous les tuer ? Ou bien.. Ou bien.. Oi, oi, je ne suis pas la tête pensante, j'agis seulement, alors Scylla-kun fais ce qui te semble le mieux pour la mission. Alors, que faisons-nous ?»

Le blond fronça les sourcils puis sourit de manière cruelle. Le mieux à faire était en effet d’anéantir tout ce joli monde. Quoi qu’un plan un peu plus mesquin commençait à germer dans son esprit :

«  -Ces pauvres fous ont quand même osé s’en prendre à vous, ô grand prête. Il me semble nécessaire de leur donner une punition digne de ce nom… tout en préservant les intérêts de notre venue ici.  Je sens que vous en mourrez d’envie tout comme moi. Mais pimentons la chose voulez-vous ? Massacrons donc la majorité d’entre eux, confisquons leur les armes magiques et puis laissons croire aux quelques survivants que nous épargneront que nos barbaries sont le fruit de la demande de leur roi. D’après le peu que j’ai pu lire sur ce monarque, il en serait bien capable. Glissons dans la conversation que le roi a décidé d’avoir une nouvelle arme secrète qu’il récupérera dans un donjon. Laissons les fuir. Faites surgir ce donjon et je suis sûr que la suite des événements sera distrayante quand nous verrons le peuple et la royauté s’en disputer l’accès. D’autant si nous allons prévenir leur souverain que des renégats souhaitent s’accaparer les pouvoirs du donjon pour le renverser. »


Il s’inclina :
« Ce plan vous sied-t-il votre grandeur ? »

Le mage commença à élaborer un sort , prêt à dévaster le sol sous leurs pieds au premier ordre du magi noir d'Al-thamen.