Chut, il dort {Kouhei} 25/04/1002

Aujourd'hui, c'était jour de fête. Le mois de Thani touchait à sa fin et, avec elle, s'en allait progressivement l'hiver. La neige commençait à fondre par endroit, la température se faisait de plus en plus douce. Pour toi, c'était un pur bonheur. Rakushou n'était pas situé dans le nord comme l'état la région de Wa. L'hiver y était donc bien plus clément. Et même si cela faisait cinq ans que tu étais mariée à Soo Hyun, tu n'étais toujours pas habituée à cette froideur constante. Tu devais d'ailleurs fréquemment te couvrir de plusieurs couches de vêtements pour éviter d'attraper froid lorsque tu sortais à l'extérieur. Heureusement, à l'intérieur, les murs épais du palais permettaient de conserver la chaleur des foyers.

Toute la capitale festoyait donc, incluant également ton époux. Tu savais que c'était la tradition, pour lui, de se rendre en ville. Sauf que tu n'aimais pas tellement ce genre de chose. Fêter, boire de l'alcool, non. Tu préférais rester aux côtés de ton fils qui était malade depuis quelques jours maintenant. Il n'avait que trois ans, mais il avait la mauvaise habitude de vouloir se rouler dans la neige, ce qui te décourageait grandement. Après tout, il tombait malade presque à tous les coups. Il n'était qu'un enfant avec un corps fragile. Ce fut pour cette raison que tu te trouvais présentement dans sa chambre et que tu le bordais. Tu voulais qu'il dorme et qu'il se repose même si c'était encore le jour. Plus tôt il sera remis sur pied, plus tôt ton coeur de mère sera apaisé.

Ce n'est qu'une fois qu'il fut endormi que tu quittas la pièce, te dirigeant dans ta propre chambre. Tu ne désirais pas t'y enfermer. Non, tu voulais seulement récupérer ton erhu pour aller en jouer dans la bibliothèque. Là-bas, tu y serais au chaud et tu pourrais jouer tranquillement, sans que personne ne vienne te déranger. Et puis, les serviteurs semblaient appréciés ta musique puisqu'ils s'arrêtaient souvent pour t'écouter un peu avant de reprendre leur travaille. Si cela pouvait les permettre de se faire une petite pause, tant mieux. Ils travaillaient tous très forts pour leur dirigeant. Ton époux se préoccupait beaucoup de ses habitants et ceux-ci le lui rendaient bien en le servant fidèlement. Pour cela, tu l'admirais vraiment.

Croyant être seule, tu ouvris la porte de ta chambre et t'avanças dans la pièce. Cependant, une présence inconnue attira ton attention, te faisait également figer sur place. Tes iris fixaient cet individu qui dormait nonchalamment sur ton canapé... Vraiment? Instinctivement, tu posas la main sur ton pendentif qui renfermait le pouvoir de Aim, prête à intervenir à n'importe quel moment. Sauf qu'à le voir, il semblait réellement... dormir. Simplement dormir. S'il avait été un voleur, il aurait certainement déjà pillé ta chambre, ce qui n'était pas le cas. Soupirant faiblement, tu te demandais quoi faire. Le réveiller? Ou attendre? Cette deuxième option te paressait plus convenable. T'assoyant donc sur le bord de ton lit, tu observais l'inconnu, le détaillant attentivement. Ta patience sera ta meilleure alliée, car tu ignorais quand il se réveillerait. Mais bon, tu avais tout ton temps après tout.

Assise sur le rebord de ton lit, tu fixais longuement cet inconnu qui osait dormir sur son canapé. Ne savait-il donc pas où il se trouvait? C'était possible. Wa n'était pas une région très connue du monde. Elle était plutôt isolée, il fallait l'avouer. Sauf qu'un palais restait un palais, peu importe le pays. D'un simple coup d'oeil, ils étaient facilement reconnaissables. Tu ignorais tout de ses intentions, mais tu comptais bien le découvrir. Ou du moins, le renvoyer chez lui. Tu n'allais tout de même pas tolérer sa présence indéfiniment, mais que tu étais plutôt curieuse. Mille et une questions tourbillonnaient dans ton esprit. Que faisait-il ici? Que voulait-il? Simplement dormir, vraiment? Tu en doutais, quoi que... À en juger par la situation actuelle, il ne faisait que cela.

Sauf que tu allais probablement avoir des réponses à tes questions. L'homme se mit à bouger, bien que légèrement, et tu vis son oeil s'ouvrir. Son regard se posa sur toi alors que tu restais toujours sur ton lit, à le fixer de ton regard azuré. Tu attendais patiemment qu'il réagisse, qu'il se lève, qu'il parle, peu importe. Mais rien. Ce ne fut que le silence total qui régnait autour de vous. « Vous vous êtes introduits dans cette chambre sans autorisation... Qui êtes-vous et que voulez-vous? » Ta voix était froide, autoritaire. Tu n'allais certainement pas le laisser partir aussi facilement. Et même si tu n'avais pas tellement envie de te battre, tu le feras si cela était nécessaire.

Cependant, en se basant sur son absence de réaction face à ta présence, tu te doutais bien qu'il ne te donnerait pas ces informations aussi facilement. Tu soupiras intérieurement. Si tu avais été à Rakushou, les gardes auraient déjà interceptés cet inconnu et l'auraient empêché de s'introduire dans ses appartements. Tu allais devoir parler à ton époux et renforcer la garde si cela continuait ainsi. Disons simplement que tu n'avais pas particulièrement envie qu'un assassin s'infiltre dans ta chambre pour t'égorger en pleine nuit. Tu savais que la famille Ren n'était pas appréciée par tous, tu n'étais pas idiote à ce point là. C'est donc le visage impassible, tes yeux fixant l'inconnu, que tu restas silencieuse et attendis. Le bruit des festivités résonnant comme un simple écho venu d'ailleurs.

Décidément, cet homme semblait bien se moquer de toi. Ou alors, il se moquait de l'étiquette? Il n'était tout de même pas aveugle. Cela se voyait que tu étais loin d'être une fille du peuple. Et il n'osa même pas se présenter... Très bien, tu en pris note. Tu n'étais pas du genre à t'énerver facilement, mais cet inconnu commençait à t'agacer bien que tu ne le montrais guère. Il n'avait besoin d'aucune autorisation pour aller dans un endroit? Ainsi donc, il se permettait de dormir où bon lui semblait, quand il le désirait? Au moins, il était franc et direct. Tu continuais de l'observer attentivement. Il y avait un bâton près de lui, enroulé dans ces bandes. Qu'était-ce exactement? Une épée? Non... Cela ne semblait pas en avoir la forme. C'était simplement un bâton, à ton avis. Tu plissas légèrement les yeux. Généralement, il n'y avait que les magiciens pour se balader avec un tel objet... Tu ignorais s'il en était réellement un et si c'était une bonne idée de le découvrir. Tu ne désirais pas le provoquer et risquer de détruire le palais. Sauf que tu n'allais pas tolérer sa présence plus longtemps.

Te levant de ton lit, tu t'approchas de lui de quelques pas tout en laissant une certaine distance entre vous. Une main sur sa hanche, tes iris bleutés semblaient briller d'une lueur qui en disait long sur ton état d'esprit. Qu'il parte maintenant ou tu allais le faire sortir de force. « Bruyante, hmm...? C'est la fête en ville. Si vous désiriez un endroit plus tranquille, allez dormir dans une autre ville. Cette demeure n'est pas la vôtre et même si vous n'avez pas besoin d'autorisation pour aller quelque part, je ne tolérerais pas davantage votre présence. » Un ton sec, loin de cette voix douce et chaleureuse que tu avais généralement lorsque tu t'adressais à un membre de ta famille. Cet individu était un inconnu. Il osait pénétrer dans ta demeure. Tu avais été suffisamment patiente pour le laisser dormir tranquillement, mais c'était terminé. Il n'avait pas décliné son identité alors que tu lui avais posé la question. Toi, Seconde Princesse Impériale de Kou, tu ne te laisseras pas faire. « Quittez cette chambre immédiatement. » Tu n'ajoutas rien, mais il y avait bel et bien un sous-entendu. S'il ne quittait pas cet endroit, tu le forceras à partir. Tout simplement.

Cependant, tu te doutais bien, à en juger son comportement précédent, qu'il ne partirait pas aussi facilement. Allait-il résister? Allait-il répliquer? Sincèrement, tu l'ignorais, mais tu étais prête à tout. Tu attendais donc patiemment sa réaction. Qu'il attaque, tu te défendrais. Qu'il résiste, tu le feras céder.

Comme tu t'en doutais, cet homme ne t'obéirait pas aussi facilement, ce qui t'énervait réellement. Tu détestais lorsque l'on te désobéissait en ce qui concernait tes hommes, mais c'était encore pire lorsqu'il s'agissait d'un inconnu dont tu ignorais le rang. En plus ne te pas s'exécuter, il osait te tutoyer. Toi, Seconde Princesse Impériale de Kou et dirigeante de Wa. Tu n'étais pas d'humeur à être clémente envers cet inconnu et s'il ignorait qui tu étais, il le découvrirait prochainement. Tu étais reconnue à la fois pour être aimante envers les membres de ta famille et pour être autoritaire, même effrayante lorsque tu étais de mauvaise humeur. S'il s'était résigné à quitter ta chambre, tu n'aurais pas eu à agir. Sauf qu'il allait rester, pour le moment. Effectivement, seulement pour le moment, car tu allais le faire sortir dans les minutes à venir. Même si tu étais irritée, tu ne le laissais pas paraître. Un simple sourire, mi-amusé mi-forcé, fit son apparition sur tes traits. « Oh? Vraiment? Eh bien, mauvaise nouvelle pour toi, mais tu vas partir maintenant. » C'était à ton tour de le tutoyer et, dans ton cas, c'était loin d'être une bonne nouvelle lorsque tu commençais à vouvoyer une personne que tu ne connaissais pas. Cela voulait dire que tu ne l'appréciais guère.

Tu aurais préféré ne pas avoir recourt à la violence pour le faire sortir, mais c'était lui qui en avait décidé ainsi. S'il t'avait obéi, tu n'aurais pas eu à te battre. Sauf qu'il voulait rester sur ton canapé, ce que tu ne désirais pas. Ce fut la raison pour laquelle ton sourire disparut presque aussitôt pour laisser place à un visage de marbre. Tu n'étais certainement pas d'humeur à rigoler. Et puis, tu n'étais peut-être pas douée avec une arme à la main, mais le combat au corps à corps était ta spécialité. Cela faisait d'ailleurs un moment que tu l'observais. Dans sa position actuelle, tu pouvais atteindre le plexus solaire. Ainsi, tu lui couperais la respiration, ce qui te laisserait le temps de l'assommer. Du moins, s'il ne parvenait pas à t'éviter. Tu ignorais tout de ses compétences. Possédait-il une arme? Était-il vraiment un magicien? Cela t'agaçait, mais tu ne pouvais pas tolérer davantage sa présence dans ton palais. Sans prévenir, tu franchis le peu de distance qui vous séparait et, levant le poing, tu l'abattis violemment, mais était-ce le corps de l'homme ou le canapé que tu avais frappé...? Là était la question.

Il avait évité ton coup. Malheureusement. Tu avais fait un trou dans ton canapé, bravo...! Tu soupiras faiblement. Tu désirais simplement en terminé rapidement avec lui pour pouvoir te reposer tranquillement dans ta chambre. Il sauta par-dessus toi et, lorsque tu levas la tête, tu aperçus son épée. Tu fronças aussitôt les sourcils. Il possédait donc une arme. Tu allais devoir faire attention bien que tu pouvais toujours utiliser ton équipement de Djinn partiel, mais tu n'avais pas non plus envie de détruire la moitié du Palais.

Maintenant, il se trouvait devant la porte. C'était l'endroit idéal pour fuir, mais un endroit dangereux également. Tu pouvais appeler les gardes ou même Yue à tout moment et cela signerait son arrêt de mort. Tu te retournas donc vers lui, écoutant attentivement ses paroles. Tu répliquas aussitôt, n'ayant plus envie de jouer avec lui. « Et toi, ta vie est en jeu depuis l'instant où tu as mis les pieds dans cette chambre. » Tu fis craquer tes doigts et te remis en position, prête à foncer à nouveau sur lui. Cependant, une personne ouvrit la porte. Une personne que tu ne désirais surtout pas qu'elle voit ce qui était en train de se passer. Le petit Kouhaku se frottait les yeux, à moitié endormi et pleurnichant, et tira innocemment sur la cape de l'inconnu qu'il prit pour son père. « Oto-sama... J'ai fait un mauvais rêve... Oka-sama... » dit-il en posant finalement son regard sur toi. Tout ton corps se crispa lorsque tu le vis agir. Tu ignorais quelle serait la réaction de l'inconnu, mais la tienne ne se fit pas attendre. Avec toute la force que tu possédais, tu te propulsas sur l'homme, lui assénant un coup de pieds au niveau des côtes - enfin, s'il ne l'esquivait pas. Ce geste avait pour bien de l'éloigner immédiatement de ton fils, l'être le plus précieux à ton coeur, mais également ton point faible. Le petit sursauta en te voyant agir, cessant aussitôt de pleurnicher. Il était sous le choc. Tu te positionnas dos à lui, face à l'individu. « Cet homme n'est pas ton père. Reste derrière moi, Kouhaku. » Ton regard brillait d'une flamme meurtrière. S'il osait s'approcher de ton fils, il mourrait sur le champ. Tu n'avais aucune pitié pour ceux qui s'en prenait à un membre de ta famille. « Quitte immédiatement cet endroit. C'est ta dernière chance. » déclaras-tu comme dernier avertissement pour l'homme. Pour l'innocence de Kouhaku, tu ne désirais pas lui offrir un spectacle de violence. Tu ne voulais pas qu'il te voit commettre un acte ignoble. Alors, tu restais en position de défense, prête à intervenir si quoi que ce soit arrivait.