La découverte d'un nouveau monde [PV Aria et Osman]

Un soleil éclatant frappait de ses rayons les pavés devenus brûlants du port, alors que le brouhaha et l’activité des docks s’intensifiaient. Il était plus de midi, et chacun s’activait pour gagner sa croute, même dans un pays comme Sindoria.

Perdue sur les pavés du port, son Shakujô à la main, Himiko se remettait de deux semaines de voyage, dont trois jours de tempêtes. Deux semaines à glisser de bâbord à tribord, d’avant en arrière au gré du roulis et de la cargaison qu’elle transportait, comme les autres marins, ou à vomir par-dessus le bastingage. Si elle avait appris une chose de ce voyage, c’est qu’elle n’avait pas le pied marin. Misère.

-Altesse ?, demanda le capitaine en s’approchant. Ca va aller ?

-Oui, oui, sourit la future Reine en se reprenant. Navrée, Guizo-san. Je peux faire quelque chose pour vous aider ?

-Ah, oui, on a quelques caisses à décharger. Mais vous n’êtes pas obligée de…

-Capitaine, je vais vivre cinq ans en voyageant et en travaillant. Alors je compte commencer le plus tôt possible, le coupa la jeune femme en retroussant les manches de son kimono de soie écarlate.

-Dans cette tenue ?

-Où sont les caisses, Guizo-san, et où dois-je les mettre ?

L’homme sourit, amusé, et désigna les endroits ou prendre et décharger la cargaison. Les caisses étaient lourdes, la chaleur était accablante, mais la jeune femme fit de son mieux. Durant dix huit ans, elle avait vécu à l’abri, dans son monastère. A présent, elle voulait se prouver à elle-même qu’elle était capable de se débrouiller. Une vingtaine de minutes et une bonne dose d’huile de coude plus tard, toute la cargaison fut débarquée, et Himiko s’éloigna rapidement, histoire qu’on ne lui demande pas une nouvelle fois si elle était sure de vouloir passer cinq ans dans la nature, et éviter que le marchand ne la paye pour son travail. Elle avait payé pour traverser, ce n’était pas pour être dédommagée en retour.

La jeune femme remonta l’embarcadère, s’engageant dans les ruelles de la ville portuaire. Pour l’instant, elle n’en pouvait plus de la mer, donc autant s’enfoncer dans les terres et voir comment était le pays. Le moins qu’on pouvait dire, c’était que ça changeait du Yamataï. Les ruelles étaient plus étroites, il y avait de bien moins grands espaces, mais les gens étaient souriants, et semblaient épanouis…même si ils la regardaient bizarrement.

Embarrassée, Himiko s’engagea dans une ruelle un peu plus calme, et qui débouchait sur une jolie petite fontaine, dont le doux murmure brisait le silence qui régnait sur la ruelle. La jeune femme s’approcha, allant se passer de l’eau sur le visage et se désaltérer un peu. L’eau était délicieusement fraiche et d’une propreté qui était rare au Yamataï, ce qui surprit la jeune femme. Décidément, ce pays était bien en avance sur les autres…à moins que ce ne soit le sien qui soit très en retard.

La jeune femme soupira, regardant la poudre de riz qui composait son maquillage se diluer dans l’eau pour disparaitre, avant de remarquer quelqu’un derrière. La jeune femme se releva d’un bond, saisissant son Shakujô, et fit volte face avec une rapidité surprenante pour quelqu’un portant de si lourds vêtements, avant de demander :

-Anata dare ?

Et de se baffer mentalement. Ce fichu patois...

-Navrée, heu...bonjour?