Chapitre 1 : À l’Aube de la vieIl pleut fort. Très fort. On entend les gouttes de pluies frapper avec puissance le toit de ma maison, la caravane. Le tonnerre gronde, et des éclairs zèbrent le ciel noir. Le vent souffle comme jamais, emportant avec lui les feuilles d’automnes. Les belles étoiles scintillantes, cachées par les nuages sombres, ne sont plus visible depuis longtemps déjà. C’est l’orage. C’est la tempête.
J’ai toujours aimé les jours comme celui-ci, où il fait moche, très moche. Maman m’a dit, que je suis né un jour comme celui-là. Est-ce pour ça ? Moi, j’aime bien ces jours-là, parce que je me sens mieux quand il pleut, il mouille. Quand le ciel pleure, et fait un caprice. Je n’ai plus rien à cacher, ces jours-ci.
Rien à cacher.
Le monde est menteur. C’est ce que je pense. Quand mon petit frère est né, j’ai cru à une mauvaise blague. Kyeran. C’est ainsi qu’il l’on nommé. Comme mon deuxième prénom. Comme moi. Pourquoi ? Pourquoi ça tombe sur moi ? Je ne suis pas lui, et il n’est pas moi, alors pourquoi je dois porter les mêmes prénoms que lui ? Mellan Kyeran et Kyeran Mellan, de la famille Kane. À croire que père et mère était vraiment en panne d’inspiration…
L’ironie dans tout ça, c’est qu’on est né le même jour. Alors, vous voyez, je suis facilement remplaçable ! Je ne suis qu’un meuble, après tout. Si on me jette dehors, sous la pluie et le vent, je ne trouverais rien à y redire. C’est comme ça. Ainsi va la vie.
Et puis, je les déçois.
C’est pour ça qu’il l’on appelé comme moi. Après tout, je ne suis pas comme eux. Je suis ami avec l’une des choses qu’ils craignent le plus, la foudre. Mais ce n’est pas ma faute, si elle vient ici et là, puis repart d’un seul coup ! Moi aussi, je ne comprends pas ! Alors dites-moi, pourquoi ça n’arrive qu’à moi ? Pourquoi le destin s’acharne-t-il contre moi ? Pourquoi je suis différent des autres ? De ma famille ?
C’est pour ça que j’ai toujours eu un traitement différent au sein de la famille. Après tout, je suis un anormal, non ? Je ne suis même pas capable de me défendre avec une arme…Même mon frère fait mieux que moi. Ce n’est pas faute d’avoir essayé d’apprendre ! Mais je ne veux pas avoir du sang sur les mains. Je n’ai pas envie. Je n’ai pas envie d’avoir des remords. Je n’ai pas envie que leurs visages me hanter jusqu’à la fin de mes jours.
C’est pourquoi mon oncle m’a appris les arts martiaux. Maintenant que j’y pense, je comprends pourquoi je n’arrive à rien avec une lame entre les mains. Au fond, j’ai toujours eu peur de ces machins. Et puis, j’ai toujours eu un bon sens de l’équilibre. De plus, à force de faire des cabrioles, on peut dire que cela m’a bien aidé.
Pour dire vrai, je pense que mon oncle et ma tante font partie des seules personnes m’appréciant pour ce que je suis. Ils ne le disent pas. Ils ne le montrent pas. Mais ça se sent. À moins qu’ils soient des hypocrites, comme les autres.
Ça aussi, c’est fort probable.
Mon frère a toujours été mieux que moi. Il est plus normal, lui. Il est plus expressif aussi. Il est plus humain que moi, quoi. Un monstre ? C’est donc ainsi que vous me pensez ? Père ? Mère ? C’est pourtant vous qui m’avez donnée la vie ! Alors pourquoi ? Je ne suis pas si différent de vous !
Nous sommes tous semblable !
Chapitre 2 : À Feu et à sangOù est-il ?
Où est Kyeran ? Mon petit frère ? Il ne devait pas s’éloigné du campement ! Courir, observer, chercher, trouver. Mon cœur bas à cent à l’heure. C’est vite. Trop vite. Je m’inquiète pour lui. Lui, il n’a pas le droit de de disparaitre avant moi. Les parents ne le supporteraient pas. Il doit vivre, pas mourir. Le connaissant, il a encore mis sa vie en danger pour rien. Il a toujours été gâté par les parents. Un peu trop, sans doute. Et cela se ressent beaucoup. Vraiment beaucoup.
Une ruelle plus loin, dans les bidonvilles de la cité près de notre campement, il y a deux garçons. Dont Kyeran. Avec précipitation, je le prends dans mes bras, et le passe sous analyse. Ouf. Il n’a rien. Il n’est pas blessé. Le monsieur, lui, n’a pas l’air contant. Il est énervé. Évidemment, mon frère en rajoute une couche. Ne peut-il pas se taire ? Ne peuvent-ils pas se taire ? Ça ne sert à rien de se battre ! D’ailleurs, pour quelles raisons se disputent-ils ? Des broutilles, j’en suis sûr ! L’un attaque, l’autre riposte. Soupir. C’est donc toujours ainsi ? Y a-t-il trop de différence entre deux personnes pour quelles se comprennent ?
Puis, ça tourne au vinaigre.
Il met à terre mon frère, et continue à le ruer de coup. Mon sang se glace, et ça part tout seul. Un éclair jaillit du ciel, et foudroie le pauvre garçon. Un deuxième éclair arrive, et c’est mon frère qui est touché cette fois. Je panique. C’est la première fois que ça m’arrive. Les éclairs continuent de tomber. Des gens sont électrocutés. Je ne contrôle plus rien. Je tombe à terre. Ce n’est pas possible. Ça ne peut pas se passer comme ça.
Il est mort.
Ils sont morts.
Tous.
Personnes ne peut survivre à ça.
Je me relève. Je me retourne. Je fuis. C’est tout ce que je peux faire. Les gens se retournent à mon passage. Je trébuche. Je me relève. Je dois partir loin. Loin d’ici. Loin de tous ces gens. J’ai fait ce que je m’étais promis de ne pas faire. J’ai perdu le contrôle sur mon pouvoir. Sur ma magie, comme certains l’appellent.
Mes pas me ramènent inconsciemment jusqu’au campement. Des voleurs. Des voleurs se sont emparé des caravanes. De ma maison. De ma famille. Ils ne méritent pas ça. Ils ne méritent pas de devenir esclaves. Mais ils le seront. Ils seront vendus comme esclaves. Comme tant d’autres. Pourquoi ? Pourquoi eux ? Dites-moi ! Je voudrais savoir !
Soudain, de grandes flemmes s’élèvent du campement, brulant tous sur leurs passages. Les caravanes, les gens. Ils seront tous réduit à l’état de cendre. Puis, je me rappelle. « La liberté ou la mort », ne cessaient de répéter les adultes. Alors ils l’ont voulu ? Ils sont prêts à mourir pour ne pas subir l’esclavage ? Pourquoi ? La vie n’est-elle pas fantastique ? Pourquoi vouloir mourir ? N’ont-ils pas des choses à découvrir ?
Ils ne peuvent pas mourir.
Pas maintenant.
C’est impossible.
Comme un lâche, je m’éloigne de l’incendie. Des perles d’eaux salés coulent sur mes joues. Je pleure. Cela fait longtemps que ça ne m’est pas arrivé. Je commence à voir flou. J’ai le tournis. Je tangue. Mes jambes vacillent. Je tombe. C’est le noir complet.
Chapitre 3 : Magnostadt - Extrait du journal intime de Mellan
Cher Journal,
Je suis enfin arrivé à Magnostadt. C’est ici que je vais apprendre la magie. Il le faut bien : je risquerais d’être un danger pour les autres si d’autres catastrophes comme celle de ce jour-là arrivait. Et puis, il faut dire que jusqu’à là, j’ai toujours fait des « expériences », plus ou moins faramineuse. Maintenant que j’y pense, j’aurais pu blesser quelqu’un lors de celles-ci.
[…]
Avec un peu de recul, je me rends compte que je ne comprendrais peut-être jamais Magnostadt. Il semble avoir tellement de différence entre les « magiciens » et les « gois » ! Pourquoi une appellation différente ? Nous sommes en tous points semblables…Sauf en ce qui concerne la magie, mais même avec ça, je ne comprends toujours pas. Il faut dire aussi que je ne cherche peut-être pas à comprendre.
[…]
Récemment, je viens de passer l’Iktiyar. Voici donc, monsieur le journal, une petite actualisation :
Année : 2ème
Kodor : 3ème
Merci de prendre le temps de m’écouter,
Bien à toi, le Journal.
A suivre...