Prenez une chaise, une bonne chope de bière, et laissez moi vous enchanter ;)

Sur un rythme binaire basé sur la cadence de sa marche, Leïa observe ce qui l'entoure avec grande attention, considérant les scènes s'offrant à sa vue comme des plus spectaculaires et uniques, même s'il n'y a là rien d'exceptionnel, juste le quotidien d'une part de population. Mais tout est-il que tout cela semble déjà bien différent de sa propre définition d'un "quotidien" ou même simplement d'une façon de vivre, d'une façon de faire. Voir des familles unies suffit déjà à faire naître un sourire sur ses lèvres légèrement craquelées. C'était la première fois qu'elle allait à Sindoria, et tout semblait nouveau aux yeux de la demoiselle.

En y pensant un minimum, le voyage n'avait pas été des plus faciles. Trouver un bateau marchand en destination de l'île ne fut même pas la tache la plus difficile, bien au contraire. Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour laisser un des marins la laisser monter en échange de quelques pièces venant tout droit de ses cartes. C'était souvent plus des aventuriers ou simplement des intellectuels qui les achetaient, mais c'était déjà suffisant pour subvenir à tous ses besoins, aussi insignifiants soient-ils. Non, trouver le navire ne fut pas le plus dur. Ce fut la suite qui s'avéra plus ardue, à cause d'un temps peu clément et d'un grand ami de Leïa qu'on nommera simplement le mal de mer. Une véritable partie de plaisir ce fut là.

Et la voilà maintenant quelques jours plus tard, déambulant gentiment dans les rues de la ville, observant tout ce qu'elle peut avec appétit. Il ne faudrait pas mourir sans avoir vu tout ça, pensées pessimistes d'une malade. Bientôt, un bruit, un soupçon d'agitation attire son attention, son regard vers une auberge. Rapidement, la Tran s'approche pour faire vite face au spectacle d'une jeune femme dansant et chantant, comme dictée par une volonté et un rythme qu'elle serait la seule à connaître. Et alors que la chanson se fait plus douce, Leïa s'est déjà approchée de la scène le plus près qu'elle pouvait, charmée par la mélodie de l'inconnue dont la beauté rivalisait sans peine avec son chant. Et la demoiselle est simplement entraînée par quelque chose qu'elle n'a pas vraiment l'habitude de voir dans ce voyage étant le sien.

A la fin de la chanson, elle est la première à applaudir, sans se soucier de l'effet produit par ses actions. Elle se doit de saluer le talent de la chanteuse après tout, ce serait impoli sinon. Et simplement, sans un mot, la demoiselle à la chevelure dégradée reconnaissable entre mille reste à regarder celle l'ayant hypnotisée, sans pouvoir détourner son regard, comme victime d'un charme. La Tran n'aurait jamais l'audace de la complimenter en face, jamais, mais il va sans dire qu'elle en brûle d'envie. Mais elle serait également morte de honte si la jeune femme lui faisait remarquer ses regards peut-être un peu trop insistants.

hrp: