Je veux rentrer chez moi [ pv Sphintus ]

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JE VEUX RENTRER A LA MAISON

La route avait longue et les obstacles nombreux mais Sayla avait enfin pu trouver ce qu'elle recherchait. Désormais capable de soigner son père la petite avait décidée de retourner auprès de sa famille et de son royaume. Cependant elle était partagée sur ses sentiments, alors qu'une partie d'elle languissait son retour, voulait retrouver les bras de son père et le sourire de ses proches, l'autre aurait voulu voir encore un peu le monde. Elle avait des rencontres, des bonnes comme des mauvaises. Mais cette sensation de liberté, elle savait que cela allé se terminer devant les portes du palais, et ce moment lui semblait trop proche. La petite avançait donc penseuse, assise sur l'épaule de son ami. D'une voix presque inaudible, elle s'adressa à lui, le regard triste.

- Je sais que je n'ai pas le droit de t'emmener à Vastia, les gens risquent d'avoir peur et tu pourrais te faire tuer pour ça... Mais je ne veux pas te dire adieu...

Comme pour la rassurer et lui répondre, le géant grogna et lui tendit une main. Sayla leva les yeux et posa sa petite main sur l'énorme doigt du monstre, souriant de nouveau.

- Merci Kolos.

Après avoir marché pendant un long moment, le duo arriva auprès de ce qui semblait être une douane. Plusieurs personnes avançaient dans une immense file. Sayla regarda Kolos. Derrière ce royaume face à eux se trouvait Vastia, et le moyen le plus rapide d'y arriver était de passer la douane. Ils restèrent un moment à l'écart, réfléchissant à un moyen de rentrer. Soudain, ils entendirent un cri derrière eux, une jeune fille qui voulait sans doute passer elle aussi. Celle-ci prit peur en voyant le monstre qui tenait la petite. Sayla sauta des bras du monstre et fit signe à l'adolescente de ne pas crier.

- Ne cries pas s'il te plaît Onee-chan. Je m'appelle Sayla et mon ami c'est Kolos. Nous sommes des voyageurs et nous voulons rentrer chez nous. Quel est ce royaume ?

La magicienne se calma et après avoir complètement reprit son calme, expliqua la situation à l'enfant. Ils se trouvaient aux portes de l'académie des magiciens. Un lieu interdit aux goïs, ce qu'était Sayla, autrement dit, une non-magicienne. Cependant après avoir parlé avec la jeune fille, celle-ci se prit d'affection pour la petite et décida de l'aider malgré tout. Faire rentrer Sayla ne serait pas le plus difficile, par contre son compagnon était problématique. C'était même impossible de le faire rentrer sans se faire remarquer. L'étudiante lui proposa malgré tout une solution. De par sa petite taille, Sayla était capable de se cacher sous l'uniforme. Accrochée à sa jambe, elle pourrait passer en même temps que la magicienne. Kolos quant à lui ne pouvait pas couper par Magnostadt, néanmoins il était beaucoup plus rapide et plus fort qu'un humain. S'il était seul, il serait capable de contourner le royaume et de retrouver son amie de l'autre côté.

Au départ, Sayla ne voulait pas se séparer de son ami. Sans lui à ses côtés elle était effrayée de se retrouver seule dans ce royaume dont elle ne savait rien. Mais la jeune fille réussit à la résonner. Elle aurait pu rester avec Kolos, mais cela lui aurait pris beaucoup plus de temps. Après avoir câliné son compagnon et lui avoir fait promettre de vite la retrouver, la petite se cacha sous la robe de la magicienne et réussit à passer. Une fois de l'autre côté, celle-ci lui dit de faire attention. Ici, les contrastes entre magiciens et non-magiciens étaient importants. De nouveau seule, Sayla chercha à trouver la sortie mais bouscula accidentellement des élèves qui passaient par là. Voyant qu'ils commencèrent à s'énerver et à se montrer violents envers elle, elle s'enfuit et courut dans la ville. Après avoir courut un moment jusqu'à une petite ruelle et avoir vérifié si elle les avaient bien semés. Le royaume était immense, un véritable labyrinthe. Sayla s'accroupit dans un coin et se referma sur elle-même, inquiète. Elle s'était perdue.

- J'ai peur ici toute seule... Cet endroit me rappelle que je suis différente. Je veux rentrer chez moi.

Sphintus baillait pour la énième fois de la journée avant de se prendre un coup de la part de Titus. Il se retournait furtivement vers le blondin pour l’insulter lorsqu’il vit la tête de Marga derrière l’épaule de son camarade de classe. Il bougonnait en se retournant à nouveau pour regarder droit devant lui en caressant la tête de Kukulcan. Ce fils à papa profitait vraiment bien du fait qu’il avait une enfant à ses côtés pour empêcher l’Heliohapt de s’en prendre à lui. Dans ces cas-là, la jeune fille avait pour habitude de rire de bon cœur en voyant son protecteur taquiner le pauvre magicien mais épuisée, celle-ci s’était déjà endormie. Ils avaient passé toute la matinée à jouer avec elles. Et le fait qu’elle s’endorme aussi vite, même si il s’agissait d’une enfant, était assez surprenant. En croisant le regard inquiet du jeune homme aux grosses fesses qui lui tapait sur les nerfs, l’adolescent comprit qu’elle n’allait pas tarder à atteindre sa limite et qu’ils feraient mieux de rentrer pour que les mages de l’Académie vérifient l’état de son magoi.

Même en sachant à quel point Titus pouvait être gonflant quand il s’y mettait, son ami savait qu’il se souciait de la santé de la jeune fille. Il ne se demandait même plus pourquoi elle en particulier. Il préférait oublier la misère dans laquelle vivaient les habitants du cinquième district bien qu’il jugeait cela assez hypocrite d’ignorer la souffrance que ceux-ci enduraient en leur tournant le dos comme si la vie à Magnostadt était parfaite. Les goïs avaient beau ne pas posséder de pouvoir magique et manquer de connaissance, comme ce que prétendait le doyen, ils n’en restaient pas moins des êtres vivants tout comme eux. Là-bas, des enfants comme Marga semblaient souffrir de mauvaises conditions de vie et cela avait indigné le descendant de la famille Alexius. Sphintus avait tendance à lui reprocher son attitude insolente mais n’en pensait pas moins. Mogamett leur avait assuré que les habitants du Cinquième District avaient le nécessaire pour vivre. Bien qu’il ne soit pas totalement convaincu après ce que lui et ses camarades avaient vu là-bas, il s’était abstenu de tout commentaire car quoi qu’il arrive, il se rangera toujours du côté de Magnostadt. Après tout il s’agissait aussi d’un magicien mais parfois quand il voyait de quelle manière les gois étaient traités, il devait admettre qu’au fond de lui, cela le révoltait. Pas assez pour s’emporter comme cet imbécile de Titus avait tendance à le faire.

Enfin, concentrons-nous plutôt sur l’état de la jeune fille qui se trouvait sur le dos de celle-ci. Le blond fit un signe de tête à Sphintus pour montrer qu’il était définitivement le temps de rentrer pour eux. Autant retourner à l’académie, pensait le jeune Heliohapt. Puisqu’il s’était déjà levé tôt parce que le fils de riches l’avait harcelé, non, agressé pour qu’il daigne jouer avec Marga et leur expliquer comment fonctionnait les magasins, pourquoi ne pas passer le reste de la journée avec eux ? Au point où il en était, il voulait bien se coltiner le noble aux grosses fesses mais c’était uniquement pour le bien de la gamine à qui il avait fini par se lier d’affection, lui aussi. Puis, son ami n’était pas qu’un abruti désagréable et prétentieux, il avait aussi de bons côtés… Par exemple, heu… Il avait sauvé Marga ? Bon, défendons-le comme on peut.

Alors qu’ils prirent la route pour regagner l’Académie, ils se firent brusquement bousculer par une jeune fille. Titus râla avant de s’assurer que celle-ci n’avait pas fait tomber sa petite protégée. Sphintus, lui, après avoir manqué de se prendre un mur, se retourna pour voir qui était ce malpoli qui fonçait dans les gens sans s’excuser. Mais l’individu en question semblait être une enfant qui courait dans tous les sens, qui semblait chercher son chemin, ou une personne. De dos, à part constater qu’elle avait des cheveux blancs, ce qui était déjà rare et qu’elle était plutôt petite, le magicien ne voyait pas trop qui elle pouvait bien être. Il s’apprêtait d’ailleurs à reprendre sa marche avec le fils de nobles quand il entendit des hommes hurler :

- Tu ne peux pas regarder où tu vas, sale morveuse !?

Les sourcils froncés, l’adolescent se retourna pour voir d’où provenaient les voix. Ah, encore cette jeune fille qui était rentrée dans d’autres élèves. L’un d’eux allait la saisir par le bras mais celle-ci s’enfuit avant qu’il n’ait eu le temps de lui faire du mal. Le maître de Kukulcan soupira en fermant les yeux et en secouant négativement la tête. Bien que c’était en partie de la faute de la gamine et de sa maladresse, il ne put s’empêcher de se sentir mal pour elle. Lever la main sur des enfants, qu’ils soient magiciens ou non, cela ne se faisait pas. Il prévint Titus qu’il avait autre chose à faire et partir à la recherche de la petite tandis que le blond regagna l’Académie.

Sphintus vit les magiciens qui grondaient l’albinos passer à côté de lui en grognant et en se frottant la nuque. Quels sales types… L’adolescent se retint bien de leur dire sa façon de penser pour reporter son regard sur la jeune fille… Qui s’était enfuie depuis un petit bout de temps. L’Heliohapt soupira, n’ayant maintenant plus que son serpent comme seule compagnie :

- Franchement…

En moins de deux le jeune magicien prit sa baguette et à l’aide de la magie de gravité, vola dans tout le pays, à la recherche de la gamine. Ce n’était pas comme si il avait autre chose à faire, après tout. Il pouvait avoir confiance aux mages. Ils s’occuperont bien de Marga. Puis si ça se trouve cette enfant était une fugitive du Cinquième District ? Bien que ça lui paraisse un peu gros vu ses vêtements, elle avait l’air de venir d’une famille riche. Rien à voir avec l’accoutrement des goïs de Magnostadt. C’était plutôt curieux, d’ailleurs. Mais Sphintus l’avait vu de loin, il ne pouvait pas affirmer sans l’ombre d’un doute qu’il s’agissait bien d’une non-magicienne. Après avoir fait un petit bout de chemin en volant, il la vit enfin, isolée dans une ruelle. Soupirant après avoir gaspillé autant d’énergie, il se reposa discrètement à ses côtés. Lorsque celle-ci semblait se rendre compte de sa présence, il plaça son doigt sur sa bouche pour lui dire qu’il valait mieux rester silencieux.

Après s’être assuré que personne ne les avait vu, il baissa sa tête vers la fillette en lui disant doucement :

- Excuse-moi si je t’ai effrayé.

Il se frotta nerveusement la nuque. Elle ne semblait pas vraiment être une magicienne mais alors que faisait-elle ici ? A priori, elle ne venait pas de ce pays. Le magicien savait qu’il existait des territoires autour de Magnostadt où il y avait une absence totale de magie. Mais comment cette enfant avait fait pour s’égarer ici ? Comment s’était-il infiltré ? Laissant ses interrogations de côté, le jeune homme se présenta en chuchotant :

- Je m’appelle Sphintus Carmen.

Après cela, il posa sa main sous son menton, réfléchissant. Maintenant, il s’était présenté. Mais cette jeune fille paraissait assez apeurée, elle préférait peut être garder le secret sur son identité. Même si c’était une réaction assez étrange de la part d’une enfant…

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JE VEUX RENTRER A LA MAISON

Cet endroit l'effrayait. Un peu plus et elle aurait surement passé un mauvais moment avec les étudiants qu'elle avait accidentelement bousculés. Seule dans un coin, la petite préférait rester cachée un moment, avec un peu de chance elle se fera vite oublié et pourra retrouver son chemin. Kolos arriverait surement de l'autre côté en fin de journée, en tout cas c'était ce qu'avait dit la jeune fille qui l'avait aidé à rentrer dans cet immense royaume. Sayla détestait se retrouver seule, cela lui rappelait des souvenirs qu'elle préferait oublier.

Cachée dans une petite rue, elle attendait que les choses se calme dans son coin, pliant ses genoux vers son visage. Soudainement, elle sentit quelqu'un derière elle et se retourna d'un geste vif. Dès lors qu'elle reconnu un jeune homme qu'elle avait bousculé plus tôt, celui-ci la fit taire en posant son doigt sur la bouche de l'enfant, empechant un cri. La petite resta d'abord silencieuse, figée et encore effrayée. Elle était même pour se débattre et s'enfuit de nouveau. Ce n'est qu'une fois calmée qu'elle hocha la tête, faisant comprendre qu'elle ne crierais pas. Elle leva timidement ses yeux rouges vers le magicien. Celui-ci ne semblait pas vouloir lui faire du mal, rien à voir avec ceux d'avant qui ne serait probablement pas gêné avec elle. Lorsque le jeune homme se présenta, la petite se sentit un peu plus rassurée et répondit timidement à son tour.

- Heu.. Je m'appelle Sayla.. P..Pardon de vous avoir bousculé tout à l'heure.

L'enfant dévia le regard, baissant les yeux, honteuse. On lui avait dit.. Si elle se faisait arrêter maintenant, elle ne pourrais pas retrouver Kolos et rentrer chez elle. Cette pensée la terrifiait et c'est pourquoi elle ne s'arrêtait pas même lorsqu'elle faisait preuve de sa maladresse. Pourtant elle s'en voulait un peu. Un bruit de pas se fit entendre non loin de la ruelle. Rapidement, l'enfant se cacha derrière Sphintus, les jambes tremblantes. Une fois le bruit disparu elle pencha discrètement sa tête sur le côté afin de vérifier qu'il n'y avait plus personne.

Alors que la jeune fille semblait se calmer et hochait la tête pour dire qu’elle ne crierait pas, cela rassura un peu Sphintus qui avait enfin retiré son doigt mais le magicien continuait de la regarder, perplexe alors que Kukulcan s’enroulait tranquillement autour de son cou, commençant aussi à fixer l’inconnue. L’adolescent finit par arrêter de l’observer de peur de l’effrayer d’avantage, ne voulant pas qu’elle pense qu’il se méfiait. Ce qui était sûr, c’est qu’elle ne venait pas de ce pays. Elle est un peu trop bien habillée pour une goï et cela avait surpris l’adolescent car seuls les marchands et les magiciens pouvaient se permettre de porter ce genre de vêtements dans ce pays. Alors cela ne pouvait être qu’une étrangère. Mais que faisait-elle ici toute seule ? Pourquoi ses parents n’étaient pas avec elles ? Elle était un peu trop jeune pour effectuer le travail d’espionne. S’agissait-il d’une simple voyageuse ? Mais cet accoutrement…

S’interrogeant de plus en plus sur son identité, le magicien fut plus éclairé lorsque celle-ci avait accepté de se présenter à son tour :

- Heu.. Je m'appelle Sayla.. P..Pardon de vous avoir bousculé tout à l'heure.

Après avoir dit cela timidement, Sayla dévia son regard. Sphintus hochait la tête, cherchant à voir à l’aide de son nom de quel pays pouvait-elle bien venir. Cependant, ce n’était pas facile de deviner puisque le jeune homme n’avait pas beaucoup voyagé dans sa vie. Les seuls pays qu’il connaissait étaient Heliohapt et Magnostadt. Peut-être devrait-il un peu plus explorer le monde une fois qu’il aura terminé ses études ? Car cela ne l’aidait pas vraiment de connaître le nom de la petite sur le coup, bien qu’il paraissait ravi que celle-ci ait mis sa frayeur de côté pour qu’il sache au moins par quel nom l’appeler. Il se contentait de lui sourire de manière qu’il voulait rassurante :

-Ne t’en fais pas pour ça, c’est déjà oublié. Et bien… Enchanté de faire ta connaissance, Sayla ?

Bien qu’il n’ait pas l’air convaincu par ce qu’il disait, il ne voulait en aucun cas l’offenser. C’est juste qu’il était bien embêté de ne pas savoir comment elle avait fait pour se retrouver ici. Il existait mille possibilités. Peut-être était-elle recherchée ? Non, il s’inquiétait trop. Avant d’émettre ce genre d’hypothèses, il fallait qu’il en sache plus sur elle. Oui, il était curieux mais c’était compréhensible. De plus, les élèves qu’elle avait bousculé tout à l’heure s’étaient juste énervés parce qu’elle leur était rentré dedans mais n’avaient pas l’air de s’interroger sur son identité. Il était donc inutile que l’Heliohapt s’inquiète. De toute manière ce n’est pas comme si il aurait aidé une fugitive volontairement ? Il secouait négativement sa tête. Il réfléchissait beaucoup trop. Il fallait qu’il retire ces pensées de sa tête. Il y avait plus urgent et ça, le jeune homme ne le réalisa que quand un bruit se fit entendre. Apeurée, la fillette se réfugiait derrière lui. Il la regardait un peu mal à l’aise. Dans quel pétrin s’était-il donc mis ? L’espace d’un instant, il regrettait même de ne pas être rentré avec Titus. Enfin, il se serait sentis assez mal de laisser la jeune fille toute seule.

Mais tout de même, ce n’était pas très malin de sa part de partir à sa recherche. Que ferait-il si les pas qu’ils entendaient étaient ceux de Doron ? Ou un autre mage ? Le problème serait le même. Sphintus aurait été vu avec une humaine en dehors du Cinquième District. Et contrairement à Marga, il doutait qu’elle ait aussi le droit à un traitement de faveur, après tout, il s’agissait d’une étrangère. Une fois que les bruits de pas s’étaient éloignés et que Sayla se montrait un peu, il lui fit signe de la baisser. Pour le moment, il valait mieux rester cacher. L’adolescent jetait un coup d’œil pour voir si personne d’autre n’approchait de la ruelle. Non… Il fallait dire que les rues dans lesquelles ils se trouvaient n’étaient pas très fréquentables. Il suffisait de voir le nombre de chats de gouttière qui se battaient pour récupérer une ordure. Le magicien leva ses yeux pour s’assurer que vraiment aucun magicien ne volait dans leur direction. Non, plus personne.

Il poussa un soupir de soulagement avant de se retourner à nouveau vers l’albinos et leva son pouce pour lui assurer qu’elle ne courait aucun danger. Mais après l’avoir rassuré, il voudrait qu’elle en fasse de même. Evitant de la brusquer avec mille et une questions, il s’accroupit devant elle avant de lui dire, l’air gêné :

-Tu as conscience que tu ne devrais pas être ici ?

Il ne voulait pas que cela sonne comme un reproche, il souhaitait juste être plus informé.
Puisqu’il ne s’agissait bien d’une goï, et d’une étrangère, en plus. Ayant passé plus d’un an dans cet endroit, il savait que ce n’était pas un lieu où quiconque pouvait y pénétrer. L’entrée devait être suffisamment surveillée pour empêcher que la ville soit envahie par les êtres sans pouvoirs. Alors comment avait-elle fait pour arriver jusqu’ici ? Sphintus continuait de la regarder, l’air plus calme et attendait qu’elle s’explique patiemment. Quoi que cela reste une enfant et elle avait l’air facilement impressionnable. Peut-être allait-il devoir attendre avant qu’elle ne lui décrive un peu plus la situation dans laquelle elle se trouvait.

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Sphintus l'observait, se posant visiblement des questions sur son identité et la raison de sa présence dans ce royaume reservé aux magiciens. Une fois que la petite se décida à se présenter, bien qu'elle se contenta de donner le minimum d'informations, le jeune homme lui sourit, cherchant à la rassurer. Pourtant, sa voix laisser penser qu'il était quelque peu perplexe face à l'enfant, ne sachant probablement pas quoi penser d'elle. Le magicien la cacha le temps que les rares personnes traînant dans le coin s'en aillent. Sayla se rendait alors compte des problèmes qu'elle pouvait lui causer si il restair auprès d'elle. Comme toujours, elle ne faisait qu'attirer les ennuis.

Lorsque le jeune homme se baissa à sa hauteur pour lui demandait des explications, sans pour autant la brusquer, la jeune princesse baissa de nouveau les yeux et froissa sa jupe en la serrant dans ses petites mains. Elle le savait, qu'elle n'avait pas le droit d'être ici. Mais qui sait combien de temps son père supporterait encore la maladie ? Elle devait rentrer pour le soigner, retourner chez elle, dans le seul lieu où elle se sentait à sa place. Cela faisait maintenant longtemps que la petite avait quitté son foyer. Il lui tardait de retrouver sa famille, de pouvoir de nouveau être dans les bras de son père. Lon'zu également lui manquait, bien qu'il n'avait jamais montrer son affection pour Sayla, il restait son frère, son seul frère. Et elle l'aimait sincèrement, naivement...

Ses grands yeux rouges commencèrent à briller, larmoyants. Puis d'une petite voix, elle se décida à répondre, levant la tête vers Sphintus.

- Je... Je sais bien mais.... C'était la seule façon de vite rentrer chez moi... Mais je promet que je ne suis pas une espionne! Je ne resterais pas longtemps, seulement le temps de traverser et de retrouver mon ami. Alors...

Des larmes se mirent alors à couler de ses joues rondes. Larmes qu'elle tenta de dissimuler comme elle le pouvait.

- Alors ne me renvoyez pas de là d'où je viens.

Elle avait peur d'être renvoyée au point de départ, tout comme elle avait peur de se retrouver de nouveau seule, sans personne à ses côtés.

Alors que le jeune magicien regardait aux alentours avec une certaine prudence ne se souciant que de sa réputation pendant un court instant, il n'avait même pas remarqué que la jeune fille commençait à baisser les yeux en serrant sa jupe, l'air attristé. Sans le remarquer, Sphintus levait les yeux au ciel en se demandant si elle allait lui répondre. Peut être qu'elle s'en fichait de ne pas avoir le droit d'être là. Après il disait cela pour elle. Bon un peu pour lui, c'est vrai. Ses parents devaient avoir tiré une belle grimace lorsqu'il avait dû leur demander de l'avance sur son argent de poche suite à sa beuverie avec Âamet, bien qu'il n'ait pas donné la vraie raison de cela, ce qui les amenait à encore plus se méfier de leur propre fils.
L'adolescent poussa un petit soupir en repensant à cette journée. Maintenant, il ne voulait pas se faire mal voir une seconde en étant surpris avec une goï. D'un côté cela restait une enfant et l'Heliohapt ne voulait pas qu'elle ait des ennuis. Il fallait alors être prudent. Doucement, il tournait de nouveau sa tête vers elle, voyant un peu comment elle réagissait.

L'albinos semblait quelques peu blessée. Ah, il ne voulait pas faire culpabiliser une enfant ! Il garda un air figé, se sentant très bête alors qu'il avait tout fait pour la ménager. Celui-ci mit agita les mains, l'air désolé et surtout paniqué. Son but n'était pas de la mettre dans cet état-là. Peut être avait-elle vécu des choses difficiles? De nombreux élèves avaient leurs familles constituées de goïs. Peut être que sa grande soeur ou son grand frère faisait ses études ici et qu'elle avait vu ses parents se faire emmener au Cinquième District en ayant tout juste le temps de s'enfuir. Allait-il trop loin? Même son serpent avait l'air de l'observer d'un air dépité. Et lui qui avait commencé à lui faire un reproche bien que ce ne soit pas sur un ton méchant...

Sphintus se voulu encore plus lorsque les yeux larmoyants de la gamine avaient croisés les siens. Merde! Il y avait des choses à ne pas dire à un enfant! Kukulcan continuait de regarder la scène, ayant l'air de se demander pourquoi son maître en faisait autant, à priori pas du tout affecté par l'expression qu'avait Sayla sur le visage. Ah! Quel sans-coeur! Alors que celui autour duquel il s'enroulait ne pensait qu'à une chose: s'excuser et vite!

- Je suis terriblement désolé Sayla, je ne sav-...

- Je... Je sais bien mais.... C'était la seule façon de vite rentrer chez moi... Mais je promet que je ne suis pas une espionne! Je ne resterais pas longtemps, seulement le temps de traverser et de retrouver mon ami. Alors...

En entendant cela, le jeune homme baissa rapidement ses bras, l'air penaud.

- Oh.

Rougissant un peu suite à son attitude, il posa sa main sous son menton, oubliant alors la manière dont il avait réagit. Bon, au moins cela lui donnait des indices sur d'où elle venait. Si elle s'apprêtait à traverser Magnostadt pour arriver jusqu'à son pays, c'était qu'il y avait de forts risques que son pays soit... Le sourire de Sphintus s'illumina, apparemment ravi d'avoir enfin défini d'où elle pouvait bien venir. Et si cela ne prenait pas beaucoup de temps, il n'y avait pas à s'inquiéter. Enfin, d'un côté, c'est sûr que traverser tout le pays... Bon... Ils étaient plus proches de l'entrée que de la sortie mais au moins il savait que les parents de Sayla n'avaient rien eu... Hé! Comment se fait-il qu'elle voyageait seule? Comment son ami avait pu laissé une petite fille comme elle se promener sachant qu'elle pouvait se perdre? Ce n'était pas bien raisonnable... L'adolescent désapprouvait sa conduite. A moins que ce ne soit un enfant lui aussi? Avaient-ils fugué?
Bon, ce n'était pas le moment d'embêter cette enfant malgré toutes les questions qu'il se posait. Elle n'avait sans doute pas envie d'en parler. Voilà qu'elle se remit à pleurer... Pour de bon, cette fois. Elle cherchait d'ailleurs à les dissimuler. Cela devait être dur pour elle.

- Alors ne me renvoyez pas de là d'où je viens.

Il riait gentiment avant de sortir un mouchoir de la poche de sa tunique. Il l'utilisa pour essuyer les larmes de la gamine qui ne cessaient de couler malgré elle. Sphintus s'était retenu de le faire avec sa main car il était encore un étranger pour elle. Une fois cela fait, il répondit d'une manière plus agréable à Sayla.

- Il n'y a pas de problème.

Enfin il y en aurait si ils se faisaient repérer mais il devait garder confiance. Rester optimiste pour la petite fille. Dans ce genre de situation, baisser les bras ne servait à rien. N'était-ce pas lui s'était infiltré dans le Cinquième District avec ses amis en se faisant passer pour des professeurs alors que c'est contre le règlement? Il fallait rester positive. Tâche facile ou non, elle avait besoin d'aide, elle ne pourrait pas se débrouiller seule.

Croisant ses bras, il reprit en parlant à voix un peu plus basse.

- Tu viens de Vastia, n'est-ce pas? Histoire que je vois quels raccourcis je pourrais éventuellement emprunter en connaissant ta destination.

Une réponse. Une de plus. Espérant qu'elle le prenne mieux. L'Heliohapt cherchait vraiment à faire des efforts pour ne pas la faire pleurer. Si ça avait été réellement une espionne, elle jouait bien la comédie mais quelque chose l'incitait à la croire. Dommage que ce ne soit peut être pas réciproque.

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Etait-ce si grave que ça d'être ici en étant une humaine ordinaire ? Sayla savait que Magnostadt n'acceptait que les magiciens, mais ce pays était-il discriminatif au point de rejeter tous les non-magiciens ? Sphintus avait tout de même l'air gêné, mais à la fois inquiet face à la jeune princesse. Lorsqu'il croisa le regard larmoyant de celle-ci, il fut comme pris de panique et agita ses mains, mal à l'aise de mettre une enfant dans cet état sans doute. Il commença à s'excuser puis la regarda, surpris suite à son explication.

Rentrer chez elle. C'était son unique souhait et rien d'autre. N'importe qui qui serait à sa place aurait fait pareil non ? Voyant que les larmes de la petite commençaient à couler, le jeune homme sortit un mouchoir de sa poche afin d'essuyer les yeux de l'enfant. Sayla ouvrit grand ses yeux écarlate, surprise par ce geste rassurant. Il avait l'air d'être une très gentille personne, et la petite ne se rendait surement pas compte des problèmes qu'il pourrait avoir si on le surprenait ainsi avec une goï. Timidement l'albinos le remercia, mais alors qu'elle commençait à aller mieux, le magicien prononça un nom qui figea l'enfant dès que celui-ci fut prononcé.

Il avait bien dit Vastia ? Les yeux grands ouverts, Sayla observa attentivement le jeune homme, ne sachant pas comment réagir. Comment pouvait-il connaître ce royaume alors que personne hormis les habitants ne connaissent son existence. Effrayée la jeune princesse recula de quelques pas. Se pourrait-il qu'il s'agisse d'un espion ? Ou bien même d'un habitant de Vastia qui aurait fui son pays contre les lois du roi ? Avait-elle bien compris ce qu'il venait de dire. Pourtant il n'avait rien d'un espion. Et elle ne voulait pas qu'il soit comme ça, elle voulait lui faire confiance.... Alors pourquoi ?

Tout se bousculait dans sa tête, tellement qu'elle se laissa tomber sur les genoux et pris sa tête entre ses mains. S'enfuir ? A quoi bon. Il faudrait peu de temps pour qu'on la trouve, et si Sphintus connaissait l'existence de Vastia, il y avait forcément un problème. Et pire encore, d'autres pouvaient connaitre l'existence du royaume. Si c'était le cas l'équilibre de celui-ci ne serait plus le même et pourrait entraîner la chute de cet équilibre que son père avait instauré.

Elle avait envie de se lever et de fuir. Mais d'un autre côté, elle ne devait pas oublier sa place dans Vastia. Elle était la première princesse de ce royaume et la seule à avoir désobéi en quittant le palais. Si aujourd'hui certaines personnes connaissait ce nom, c'était peut être de sa faute. C'était son rôle que de savoir ce qui s'est passé afin de réparer cette erreur. Après avoir ravalé sa salive, elle se leva et s'approcha du jeune homme, puis d'un geste, elle s'empara de sa dague dissimulée sous sa jupe et pointa la lame en direction de Sphintus. Elle ne voulait pas le blesser, ne voulait pas lui faire du mal. Mais elle devait avoir une explication.

- C'est vrai. Je viens de Vastia. Mais personne n'est sensé connaître ce nom. Alors s'il te plaît Sphintus, je veux une réponse. Qui t'as parlé de Vastia et comment se fait-il qu'on connaisse son existence ? Réponds moi !

Elle avait de nouveau les larmes aux yeux, bien que ceux-ci semblaient determinés à faire parler le jeune homme. Pourquoi les choses devaient-elle se passer comme ça ? Sphintus ne voudra certainement plus l'aider après ça. Il était même fort possible qu'il demande de l'aide et que d'autres viennent. A ce moment-là Sayla devra trouver le moyen de s'en sortir seule.

Le jeune Heliohapt se retrouvait quelque peu désemparé face à l'attitude de la jeune fille en face de lui. Comment allait évoluer cette discussion? Pouvait-elle vraiment faire confiance à un inconnu? Et lui, pouvait-il avoir confiance en elle? En même temps, il lui paraissait étrange qu'une gamine qui mente se mette à pleurer de cette manière. Elle ne réagissait sans doute pas de cette manière pour l'attendrir et il aurait été nul de penser le contraire. Non sans oublier de jeter des coups d'oeil en arrière, en essayant d'avoir l'air le moins suspect possible, afin de s'assurer qu'aucun autre magicien ne traînait dans les parages, il reposa son regard sur Sayla comme si il cherchait à analyser ses moindres pensées. Encore une fois, il tentait tant bien que mal d'être subtil pour ne pas lui faire peur ou pire, la faire fuir. Qui sait dans quelle galère elle le mettrait sinon? Sphintus ne voulait pas le savoir.

Ainsi la petite albinos ne souhaitait que rentrer dans son pays. N'importe qui d'autre aurait pu comprendre ce qu'elle ressent, à ce moment-même. N'importe qui qui ne vivrait pas à Magnostadt, du moins. Bien sûr, son pays d'origine manquait un peu à l'adolescent et il n'aimait pas l'idée d'être aussi loin de sa famille. Il aurait sans doute pu rester à sa place si il n'avait pas été magicien. Les personnes ayant la magie dans le sang n'étaient pas les bien accueillis partout. Certains comme lui avaient étés victimes de discrimination et s'étaient retrouvés dans l'obligation de fuir leur lieu de naissance. Toutefois, il devinait sans mal le besoin de retourner dans son pays d'origine et de retrouver les siens pour une enfant comme Sayla. Il pouvait bien faire une bonne action et lui rendre ce service. Qu'est ce que ça lui coûterait, franchement? A part sa place à l'académie, bien sûr... Si il arrivait à ne pas se faire surprendre.

Puis vint le moment où Sphintus aperçu les larmes de la demoiselle. Il s'était pressé de lui tendre gentiment un mouchoir. Elle l'avait accepté en le remerciant timidement. Un sourire éclairait le visage du plus vieux. C'était déjà ça. L'albinos n'était pas connu pour être le plus adroit avec les enfants. Encore un point où Titus le battait, pensait-il avec agacement.

Soulagé, l'Heliohapt commençait à être satisfait d'avoir trouvé une piste en donnant le nom de Vastia puisque celui-ci semblait dire quelque chose à la fillette. Vu la manière dont elle écarquillait les yeux, c'était fort probable. Sans se rendre compte de l'impact que ses paroles avaient sur la jeune fille, il gardait le sourire aux lèvres, convaincu d'avoir vu juste. Peut être que Sayla était en train de réaliser à quel point il était perspicace. Elle devait être ravie de voir que tout espoir de retrouver son pays n'était pas perdu. Et tandis que son interlocuteur continuait de se lancer des fleurs, il perdit rapidement son enthousiasme quand Sayla se mit soudainement à reculer.

Qu'est ce qu'il lui prenait? Il n'avait rien dit de mal. Vastia était un royaume qui était connu que depuis peu de temps mais ce n'était pas un sujet tabou alors pourquoi la gamine paraissait apeurée? L'adolescent n'avait pas du tout l'impression d'avoir dit quelque chose d'interdit. Mais peut être se trompait-il? Il approchait sa main pour lui demander ce qui n'allait pas mais s'abstint en voyant qu'elle le regardait comme si il consistait une menace pour elle. Quelle drôle d'idée! Il n'en était rien! ... N'est-ce pas? Sphintus se le demandait et s'interrogeait encore plus sur l'identité de l'humaine.

C'était déjà une bonne chose qu'elle ait accepté de lui donner son nom, et le simple d'esprit qu'il était avait tendance à penser qu'elle ne lui en avait pas donné un faux, mais il ignorait qui était vraiment la personne face à lui. Peut être était-elle d'un rang supérieur au sien? Mais elle était si jeune...

L'albinos pensait lui demander ce qui n'allait pas pour voir pourquoi elle avait reculé, quand enfin elle revient vers lui et sortit une dague qu'elle avait caché sous sa jupe. Sphintus la dévisageait, choqué, la bouche grande ouverte sans trouver quoi dire. Le pire dans tout ça c'est que la petite pointait l'arme dans sa direction. Bien sûr, la force de l'adolescent était supérieure à la sienne et il pourrait sans problème lui prendre la dague mais à ce moment-là, l'Heliohapt était trop abasourdi pour envisager ce genre de solution et tomba par terre en regardant Sayla, stupéfait. Elle qui avait l'air d'une si gentille fille innocente... Qui aurait cru que cette petite pleurnicheuse se mettrait à le menacer? Si il s'y attendait... Allait-il devoir utiliser sa magie contre elle et renoncer à lui apporter son aide? Bien que surpris, il l'écoutait avant de faire ce genre de choses, curieux de savoir pourquoi elle réagissait ainsi:

- C'est vrai. Je viens de Vastia. Mais personne n'est sensé connaître ce nom. Alors s'il te plaît Sphintus, je veux une réponse. Qui t'as parlé de Vastia et comment se fait-il qu'on connaisse son existence ? Réponds moi !

Le regard du magicien se reposa de nouveau sur la demoiselle. Il arquait un sourcil, trouvant la question étonnante. Est-ce que cette gamine ne serait pas un peu fatiguée? Pourquoi s'emportait-elle ainsi? Combien de temps était-elle partie de chez elle? Quel mal y avait-il à ce qu'il connaisse Vastia? C'est vrai que ce pays ne s'était fait entendre parler de lui que depuis quelques mois mais il en avait entendu parlé sans avoir besoin de s'infiltrer là-bas. C'était un fait. Il n'y pouvait rien. La surprise retombée, il regardait l'enfant, ne voyant pas ce qu'il risquerait de plus en répondant à la question. A moins qu'il n'ai besoin de bien choisir ses mots pour ne pas se prendre un coup de lame? Son serpent sifflait et il observait Sayla, furieux avant de se relever, s'apprêtant à lui crier dessus. C'est alors qu'il vit à nouveau des larmes sortir de ses yeux, remplis de détermination. Elle avait vraiment besoin d'une réponse.

Et peut être que lui-même en saurait plus si il se contentait de lui dire la vérité qui n'avait rien de si terrible? Franchement... Qu'est ce qu'il lui avait pris de vouloir aider une gamine aussi problématique? Il posa ses mains sur ses hanches en la regardant, consterné:

- Je peux savoir ce qui te prend? Avait-il d'abord demandé sur un ton plus furieux que ce qu'il n'avait voulu. Vastia est un pays qui ne s'est fait connaître que très récemment et comme il ne se trouve pas loin de Magnostadt, il arrive que j'entende des élèves parler de lui. Même si c'est vrai qu'on n'avait jamais su ce que c'était avant que le roi actuel nettoie un donjon sans avoir besoin de magi...

Il se coupait alors dans son propre élan. Il s'égarait encore une fois. Il devait guetter la réaction de Sayla maintenant qu'il s'était rendu compte que même avec une enfant, il avait besoin de rester sur ses gardes.

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Sayla elle même n'en revenait pas. Et pourtant elle était bel et bien face à Sphintus, arme dans les mains, à le menacer. Qui aurait cru qu'une enfant, à l'apparence si inoffensive, pouvait être capable d'agir ainsi ? Sans doute aurait-elle préféré n'être qu'une enfant normale, une petite fille des plus banales sans responsabilités. Mais le destin n'aura pas voulu lui offrir cette vie là. Parce qu'elle est née au sein de la famille royale, à cause d'un nom dont elle ne pouvait se débarrasser, elle était condamnée à vivre d'une manière différente des autres. C'était injuste. Toujours dague en mains, la petite attendait une réponse du magicien.

Celui-ci la dévisagea, complètement choqué par son comportement. Il n'aurait sans doute jamais pensé à une telle situation. Il devait la détester maintenant... La petite aurait préférée ne pas vivre ça.. Mais qu'importe. De toute manière qu'est ce que ça changerait ? A quoi bon sympathiser avec lui ? Il pouvait bien la détester, c'était peut être mieux comme ça au fond... Elle était la princesse de Vastia et rien d'autre, créer des relations en dehors de celui-ci ne servirait à rien. Son retour chez elle n'en serait que plus difficile.

Le magicien tomba à terre, fixant Sayla d'un regard désormais furieux. C'était compréhensible. Qui aimerait se faire menacer avec une arme ? Le jeune homme se releva et lui demanda ce qu'il lui prenait d'un ton furieux. Surprise par le ton que Sphintus employa, Sayla serra sa dague, effrayée. Mais elle ne la lâcha pas, au contraire, elle la resserra de ses deux mains, continuant de regarder l'étudiant dans les yeux. Celui-ci finit par répondre et s'expliquer.

- Vastia est un pays qui ne s'est fait connaître que très récemment et comme il ne se trouve pas loin de Magnostadt, il arrive que j'entende des élèves parler de lui. Même si c'est vrai qu'on n'avait jamais su ce que c'était avant que le roi actuel nettoie un donjon sans avoir besoin de magi...

Se rendant compte qu'il s'emportait peut être un peu, et qu'il devait désormais être prudent dans ce qu'il disait, Sphintus se coupa dans son explication, attendant sans doute une réaction de la part de la plus jeune. La petite écarquilla de nouveau les yeux, surprise par ce qu'il venait de dire. Vastia serait désormais connu du monde entier ? Le roi aurait conquérit un donjon ? Et sans magi ? Mais comment aurait-il pu faire une telle chose en étant malade... A moins que... Comme prise d'un doute inquiétant, la petite relâcha sa garde et baissa son arme, se laissant de nouveau tomber. Les yeux dans le vide, elle finit par demander d'une voix faible, à peine audible.

- ...Le roi... Est-ce que tu connais son nom ? J'ai besoin de savoir... Je dois savoir ce qui s'est passé.. Ce qu'est devenu Vastia durant tous ces mois...

Tout s'embrouillait dans sa tête, à tel point que ça en devenait douloureux. Quelque chose de grave s'était produit durant son absence. Quelque chose qui fait que Vastia tel qu'il était n'existait plus.

Sphintus gardait les sourcils froncés et plissait les yeux en observant la petite albinos. Son comportement était plutôt bizarre. Et bien que quelques minutes avant, il la voyait comme une enfant innocente qui s'était juste retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment et qui ne ferait pas de mal à une mouche, il eu maintenant une bonne raison de se méfier d'elle. Il n'avait pas vraiment l'habitude qu'une gamine la menace avec un couteau juste parce qu'il avait donné le nom d'un pays. Elle n'avait rien à voir avec Marga, elle n'avait rien à voir avec tout les autres gosses qu'il avait l'habitude de voir. Pour une raison qu'il ignorait encore, le fait qu'il ait évoqué le nom de Vastia avait rendu Sayla plus méfiante.

Il ne parvint même pas à se sentir mal pour elle quand il avait élevé le ton de la voix et qu'elle avait serré sa dague avec moins d'assurance, effrayée. Pourquoi les choses devaient-elles tourner comme ça? Pourquoi la jeune fille le regardait de cette façon? Embêté et intrigué, le magicien se frotta la tête, attendant de comprendre plus la situation. Il n'était plus trop sûr de vouloir apporter son aide à qui que ce soit maintenant. Être menacé sans en comprendre le pourquoi du comment l'avait mis en rogne. Et il risquait gros si il l'aidait à rentrer chez elle. Il fallait qu'il réfléchisse à un moyen de s'échapper d'ici en présence d'une goï en toute discrétion. Il pourrait toujours lui demander comment elle avait fait pour ne pas se faire repérer quand elle était arrivée à Magnostadt puisque personne n'avait signalé la présence d'une humaine. Mais si jamais ô grand malheur ils se faisaient remarquer, il serait obligé d'assumer ses responsabilités et les conséquences de cet acte de trahison. Il ne voulait pas paraître pessimiste et croire en la réussite de cette sortie mais si ne serait-ce qu'un élève qui en veut terriblement aux goïs le croise avec celle-ci, il ne pourrait ni regarder l'Académie ni sa famille en face.

Commençant à dramatiser et à déjà imaginer le sermon que son père lui ferait, Sphintus ne voyait même pas que la petite était sous le choc quand il lui avait expliqué comment il avait entendu parler de Vastia. Il avait été gentil de lui répondre alors qu'il aurait été si facile de lui lancer son Yoah Reg pour qu'elle arrête de pointer son arme sur lui et qu'elle dorme tranquillement jusqu'à ce qu'il trouve un endroit où la cacher. Car même si elle lui posait des problèmes, l'Heliohapt n'avait pas le cœur à emmener la fillette voir les mages pour qu'ils l'envoient au Cinquième District se vider de son magoi. Il était un peu de mauvaise humeur maintenant et il n'avait plus autant envie de l'aider qu'avant mais bon... Soit il devait se résoudre à la faire sortir d'ici sans se faire repérer soit il devait la laisser seule alors que c'est dangereux pour elle. La deuxième solution ne lui faisait pas du tout plaisir. Au moins, si il fait de son mieux pour la faire rentrer chez elle et la renvoyer vers son ami rapidement, il serait bien vite débarrassé de ses problèmes.

Sphintus sortit de ses pensées pour regarder Sayla d'un air inquisiteur après qu'il ait répondu à une simple question. Il avait préféré ne pas en dire plus, n'étant plus trop sûr de pouvoir se fier à la non-magicienne. Non sans cacher sa surprise, il la vit relâcher sa garde et baisser son arme. L'Heliohapt soupirait de soulagement en voyant cela. Peut être pouvait-il espérer retrouver une discussion normale maintenant qu'elle avait cessé de pointer cette dague dans sa direction? Enfin, avant, il devait lui demander ce qu'il lui avait pris. Toutefois, on dirait que l'adolescent n'aura pas des réponses à ses questions tout de suite puisque la gamine continuait de se comporter étrangement. L'air curieux et fâché du jeune magicien fut bientôt remplacé par un regard rempli d'inquiétude quand la demoiselle lui répondit d'une voix faible, semblant perdue par tout ce qu'il lui apprit:

- ...Le roi... Est-ce que tu connais son nom ? J'ai besoin de savoir... Je dois savoir ce qui s'est passé.. Ce qu'est devenu Vastia durant tous ces mois...

Wouah... La situation était si grave que ça? Plutôt étonnant pour un pays dont il avait entendu parlé que depuis quelques temps et en écoutant les conversations des autres élèves. Les nouvelles allaient vite. Vastia n'était pas non plus bien loin de la frontière. De plus, Sphintus se pensait en sécurité à Magnostadt jusqu'à ce qu'il découvre ce qu'ils cachent dans le dernier district. Comme quoi, tout les pays doivent avoir un aspect sombre qu'ils ne montrent pas aux autres... Mais ce n'est pas le moment de se perdre dans des réflexions inutiles.

L'adolescent plaçait une main sous son menton et fermait les yeux en tentant de se souvenir du nom du roi... En vain. Quoi que... En cherchant un peu... Aaah... C'est qu'il avait eu la tête ailleurs ces derniers temps. Il ne s'était pas intéressé à leurs pays voisins. Il finit tout de même par donner une réponse à la pauvre fillette:

- Hum... Quelque chose comme Ronzu... Non... Fonz... Ah Lon'zu... Ce doit être ça. Mais quelle importance ça peut avoir?

Beaucoup plus qu'il ne le pensait, en tout cas.

- Oy, Sayla!

Il essayait de la rattraper avant qu'elle n'atteigne le sol, en vain. Soucieux, il penchait la tête sur le côté, ne se souciant plus du fait qu'elle avait la dague dans la main pour le moment. C'est vrai qu'il lui en voulait toujours un peu, mais ce n'était plus sa priorité. Peut être était-il naïf de se laisser à nouveau attendrir parce que l'enfant qui le menaçait paraissait souffrir mais ce n'est qu'en posant la question qu'il saura si il a tord.

- Sayla... Tu peux me dire ce qu'il se passe?

Ce n'était pas seulement pour savoir pourquoi elle s'était saisie de son arme mais également pour savoir quel était le problème avec Vastia. Bien sûr, elle n'allait peut être pas lui dire ce qu'il la tracassait aussi facilement mais qui ne tente rien n'a rien. Et de toute façon, qui d'autre que lui pourrait lui venir en aide à ce moment-là? Sûrement pas les magiciens qui l'ont fait fuir tout à l'heure. Mine de rien, il avait commencé à se préoccuper de l'état de cette goï.

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- Oy, Sayla!

Lon'zu ? Roi ? Avait-elle au moins bien entendu ? La petite leva doucement les yeux, le regard vide face à Sphintus. La voix de celui-ci se faisait de plus en plus faible, comme si elle s'estompait peu à peu. Elle était completement perdue, épuisée. Plusieurs minutes passaient sans qu'elle n'ait la moindre réaction, comme si son esprit avait quitté son corps l'espace d'un instant, ne laissant derrière lui qu'une coquille vide. Si son père la voyait ainsi, il lui dirait surement qu'elle se laisse abattre trop facilement, que son comportement était indigne d'elle. Alors elle lui s'excuserait et se relèverait face à son paternel, souriant de nouveau comme si de rien n'était. Mais où était-il maintenant ? Certainement pas à ses côtés.

L'Heliohapt semblait, et ce malgré les menaces de la petite il y a peu, être souciant de ce qui se passait dans la tête de l'albinos. Elle devait bien faire pitié pour qu'il éprouve encore le besoin de l'aider ne serait-ce qu'un peu.
Finalement après un long moment de silence, Sayla se décida enfin à répondre.

- Ce qui se passe ? Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui se passe. Pourquoi Vastia n'est plus un pays secret, où pourquoi Lon'zu serait roi... Et moi dans tout ça...

Elle n'osait pas en dire plus. Son royaume avait assez de difficultés comme ça, et elle ignorait la gravité de la situation. Comment Sphintus réagirait s'il apprenait qu'elle était la princesse de ce pays ? Personne n'est censée la connaître, elle le sait. En quittant Vastia, elle avait désobéit aux lois instaurées par son père. Pourtant l'albinos savait cela. Mais il n'existait aucun remède pour le roi dans ces contrées. Du moins c'est ce que Lon'zu lui avait dit.

Sayla finit par ranger son arme, silencieuse. Le magicien aussi ne devait plus savoir quoi penser avec tout ça. La petite finit même par rire, bien que son rire était quelque peu forcé.

- Tu es tellement gentil Sphintus. C'est vrai ça. Pourquoi ? Je viens de te menacer et toi tu me demande ce qui se passe.. Tu ne t'enfuis pas... Tu essaies même de me comprendre.. Pourquoi tout le monde est si gentil avec moi ?

Et voilà que les larmes lui coulaient à nouveaux. Ce n'était qu'une enfant après tout, elle était encore trop faible pour prendre sur elle. Que se soit tout ce qu'elle venait d'entendre sur Vastia ou le fait qu'hors de son royaume, on ne cessait de s'occuper d'elle. Elle ne pouvait tout simplement pas s'empêcher de pleurer.

Sphintus regardait la fillette en face de lui, pensif. Elle semblait déconnectée, il avait même l'impression qu'elle ne l'écoutait plus... Comme si ce qu'il venait de lui dire l'avait envoyé ailleurs. Avant qu'il ne lui dise ce qui se passait à Vastia, du moins ce qu'il en savait, elle était pressée de rentrer chez elle, quitte à entraver les lois de Magnostadt. D'autre part, elle n'avait pas le choix pour rentrer chez elle. Quand même, qu'une goï se promène seule dans un pays de magiciens, c'était beaucoup trop risqué. Sans oublier qu'il s'agissait d'une enfant. Bien sûr, elle devait en avoir conscience maintenant. Pourtant, le choc l'avait poussé à sortir son arme devant la première personne qui pouvait lui rendre service. Ne se rendait-elle pas compte à quel point les chances de sortir d'ici étaient minimes pour elle?

Que se serait-il passé si les mages l'avait retrouvé avant lui? Vu le sourire carnassier qu'avait l'habitude d'aborder Doron, le jeune frère de Myers, l'une de leurs enseignantes, il n'aurait pas été question de faire preuve de compassion parce qu'il s'agissait d'une enfant. Sphintus ne remettait pas en cause les méthodes de Mogamett mais celles de ce type dont le regard était caché en permanence par la frange. Il y a pas à dire, ce serait plus pratique si il pouvait la ramener chez elle tout de suite. Son ami sera sans doute plus apte à la protéger que lui. En plus de ça, Sayla ne semblait plus trop l'aimer , vu la tournure que prenait la conversation.

Ce serait déplacé de lui proposer un moyen de sortir d'ici maintenant. Elle ne devait plus être autant pressée de rentrer à Vastia si parler de ce qui s'était passé en son absence la mettait dans un tel état. A la voir aussi bouleversée, l'Heliohapt croyait vraiment que ce pays était en danger, même si il ne connaissait rien de lui à part les rumeurs qui circulaient , rien de terrible n'avait été mentionné. Hé! Peut être que l'albinos s'inquiétait pour rien? Il tentait de se rassurer avec cette pensée peu convaincante. Echec total. De toute façon... Sayla n'était qu'une enfant. Il ne les sous-estimait pas mais il savait très bien qu'ils voyaient les choses avec un regard différent de celui des adultes. Bon, il est vrai qu'il les imaginait plus insousciants que ça et la voir réagir ainsi était assez troublant mais depuis combien de temps n'était-elle pas rentrée chez elle? Il est normal qu'une gamine soit chamboulée parce que son pays avait évolué pendant son absence, non? Les raisons pour lesquelles elle se montait autant la tête étaient-elles seulement valables?

Si il savait à quel point il était loin de la vérité...

Quelque part, Sphintus était aussi perdu que sa nouvelle connaissance. Que devait-il faire d'elle? Pour les raisons mentionnées plus tôt, il serait cruel de la laisser aux mains des autorités. D'un autre côté, elle venait quand même de le menacer. Sa rancœur n'avait pas disparue mais il était vraiment curieux quand il la vit relever la tête, le regard vide, ce qui était plutôt stressant venant d'une petite fille, quand il lui avait dit le nom du roi.

Il avait finit par s'en souvenir au moins. Quel exploit! Il fallait dire qu'il n'avait que ça à faire depuis qu'Aladdin le laissait en plan. Il n'oserait jamais l'avouer mais ce mioche avait beau être insupportable, sans lui, on s'ennuyait vite. Il en viendrait presque à trouver Titus amusant.
Heureusement la blanche allait lui répondre. Ce qu'elle lui dirait lui permettrait-il de savoir enfin quel était le problème? Son regard déboussolé restait inquiétant:

- Ce qui se passe ? Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui se passe. Pourquoi Vastia n'est plus un pays secret, où pourquoi Lon'zu serait roi... Et moi dans tout ça...

Ne prenant pas tout de suite en compte ce qu'elle disait, Sphintus laissait échapper un soupir, apparemment frustré de ne pas en savoir plus. Elle ne savait rien, elle non plus. Bien sûr qu'elle ne pouvait pas le savoir, elle devait s'être absenté trop longtemps, elle aussi. Mais ce que lui, voulait savoir, c'était pour quelle raison tout cela l'affolait? Magnostadt traversait déjà une mauvaise passe. Kou voulait ce pays, Reim également... Il manquerait plus que Sindoria s'y mette. Si en plus de tout ça, il fallait que les magiciens craignent un pays qui se trouvait juste à côté d'eux, ils ne pourront plus vivre en paix. C'est déjà bien compliqué comme ça.

L'adolescent observait Sayla d'un air abattu même si elle n'y pouvait rien. Elle-même semblait souffrir de cette situation. C'était donc si inquiétant que ça que Vastia soit connu de tous? Qu'est ce qu'il se tramait dans ce pays de toute manière? Même une habitante de celui-ci ne pouvait lui répondre. En tout cas, elle avait l'air de bien connaître ce Lon'zu. Était-elle une proche de la famille royale? Vu ses vêtements, bien qu'il ne connaissait pas la mode de ce pays, ça lui ferait bizarre qu'il s'agisse d'une servante. Une petite fille prendrait vraiment le risque de quitter le pays qu'elle servait?

Une minute passait. Deux minutes passaient. Le vent soufflait tellement fort qu'il vint fouetter le visage de l'Heliohapt qui se trouvait pourtant dans une ruelle.

- ... Heh?

Il se mit à trembler, stupéfait avant de pointer Sayla du doigt, le visage commençant à se décomposer sous ses yeux.

- ... Comment ça, toi dans tout ça? ... Tu n'as nulle part où aller? ... Ne me dis pas que tu es une...

... Princesse? Sphintus plaquait sa main sur son front. Quel abruti. Il partait dans un petit fou rire, heureusement entendu par personne d'autre que la jeune fille, nerveux. Il ignorait si il y avait une princesse à Vastia. Le roi était trop jeune pour avoir une fille de l'âge de Sayla dans tout les cas... Mais quelque chose chiffonnait le magicien dans tout ça. Si elle n'avait nulle part, était-il possible qu'elle soit orpheline? Oh non... Cette fois c'est sur sa bouche que sa main se posait. Il n'aurait pas dû abordé un sujet aussi sensible. Il avait vraiment manqué de tact sur le coup. A son plus grand étonnement, un autre rire se fit entendre.

- Tu es tellement gentil Sphintus. C'est vrai ça. Pourquoi ? Je viens de te menacer et toi tu me demande ce qui se passe.. Tu ne t'enfuis pas... Tu essaies même de me comprendre.. Pourquoi tout le monde est si gentil avec moi ?

Les yeux du plus âgé s'écarquillèrent tandis que la blanche passait du rire forcé aux larmes. Il n'en revenait pas. Les gamins avaient vraiment des réactions surprenantes. Et pas forcément dans le bon sens. Dans ce genre de cas, son premier réflexe était de trouver un mouchoir.

Après s'être empressé de chercher dans ses deux poches, l'Heliohapt poussait un juron, espérant que Sayla ne l'ai pas entendu, en ne trouvant rien. Il se frottait la tête, embêté. Si il réagissait comme ça, la fillette allait encore se méfier. En effet, pourquoi se montrait-il si gentil avec elle? Est-ce à cause de son apparence enfantine qu'il la prenait avec des pincettes? Aucune idée.

Ceci dit, il ne pouvait pas essuyer ses larmes avec ses mains non plus. En touchant son visage de cette façon, elle allait vraiment avoir peur de lui, s'enfuir, se mettre en danger... Bref, un mauvais plan. Lui offrir un mouchoir, si seulement il en avait un, n'aurait peut être pas été efficace non plus. Vu l'arme pointée en sa direction il y a peu de temps avant ce changement d'attitude, il n'était pas persuadé qu'elle lui fasse confiance.

- Pourquoi je suis gentil avec toi? A vrai dire, je ne suis pas sûr de le savoir moi-même. Même si tu m'as menacé, tu as seulement pointé ton arme dans ma direction, tu n'as pas tenté de me porter un coup... J'imagine que c'est un bon point. Sans oublier que si je te laisse tomber, je ne saurais jamais pourquoi tu as fais ça. Ça m'a énervé sur le coup, c'est vrai, mais si il se passe vraiment quelque chose d'inquiétant au point que je ne devrais pas en avoir entendu parlé, je comprends mieux ta réaction.

Il n'était pas sûr d'avoir été bien claire. Il espérait ne pas aller trop vite. Ce n'était qu'une enfant après tout. Avait-elle tout compris?

- Euh...

Il se baissait pour à nouveau être à son niveau et lui demandant en chuchotant:

- Si tu continues de pleurer, on va vraiment nous entendre et... Il ne faudrait pas que ça arrive alors... Tu vois...

Il se mordait la lèvre inférieure. La honte... C'était trop gênant. Demander à quelqu'un de pleurer de cette manière. Maudits mouchoirs qui ne voulaient pas réapparaître ! Ce qu'il pouvait être maladroit.

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