« Un vol royalement raté » ou « Le jour où une voleuse se fit avoir par une stupide carriole ambulante… » [Arrêté !]

C’était par une belle et douce nuit de pleine lune qu’une ombre discrète se déplaçait furtivement dans les rues de Balbadd, rasant les murs aussi silencieusement qu’un ombre, évitant habilement chacun des obstacles qui apparaissaient devant ses yeux à la moindre seconde, s’abaissant au sautant pour éviter une poutre ou un panier laissé là en plein milieu de son chemin.
C’était une bien étrange ombre en fait, une silhouette et une manière de marcher, d’avancer, qui pouvait évoquer à n’importe quel habitant de la ville une image bien nette dans leur esprit : juste un serpent…. Un bien inquiétant serpent dans le corps d’une jeune femme aux longs cheveux d’ébènes, les yeux voilés par un ruban étrangement, entièrement revêtue d’une tenue masculine typique de Balbadd noire de partout. Probablement pour se fondre dans la masse avec amplement plus de facilité et dans les moindres recoins sombres de la cité côtière, de ce pays devenu une république.
Cependant, un autre détail pouvait paraitre flagrant chez ce drôle de personnage à l’attitude animale : l’objet qu’elle tenait sans ses mains comme s’il s’agissait de la chose la plus précieuse au monde. Un collier d’une bien trop grande et importante valeur pour l’enfant qui le tenait à présent en main, une pièce rarissime en or rehaussé de saphirs et de diamants provenant du continent noir.
Mais que faisait donc cette gamine avec un tel objet sur elle ?! … ça, il fallait d’abord retourner quelques temps dans le passé pour le découvrir…

Tout avait commencé à peine quelques heures plus tôt, lorsqu’une jeune magicienne nommé Taly’An, aux cheveux d’un blanc surprenant, originaire à la base d’Héliohapt s’était décidée après de longues semaines de réflexions intensives à rencontrer la probable future épouse de son père, chose qu’elle avait du mal à digérer, une cliente régulière depuis que son père avait installé son commerce dans la cité portuaire.
Il était vrai que la jeune femme n’avait au départ et durant près de… dix années…. Consécutives rien remarqué du tout. En même temps lorsqu’on ne se concentrait que sur ses études en magie puis sur son travail journalier pour apprendre à contrôler ses capacités physiques, ce n’était pas des plus évidents.
Sauf que maintenant elle se retrouvait devant le fait accompli, poings et pieds liés, n’ayant rien vu venir et désespérant intérieurement.
Cependant, ce n’était pas parce qu’elle était encore innocente selon lui qu’il fallait lui cacher ce genre de chose ! Certes il avait fait la promesse à sa mère de n’aimer qu’elle mais ce n’était pas pour autant que sa fille allait être choquée à cause d’un engagement nouveau !
Bon d’accord, devoir emménagé ailleurs et risquer de perdre sa nounou et garde du corps occasionnel, ça, ça allait la faire pêter un câble, mais bon ! Pas besoin de prendre quatre ans avant de lui annoncer la nouvelle !
Alors au final, Taly’An avait quand même accepté de rencontrer cette femme qui allait peut-être, à condition qu’elle ne rechigne pas, devenir sa belle-mère. Et c’était à cause de cette rencontre que la magicienne se retrouvait en mauvaise posture quelques heures après, tard dans la nuit. Tout ça parce que cette femme, cette noble lui avait montrée une de ses plus belles parures !
Par conséquent, ayant été comme « attirée » tel un aimant par cette pièce d’une beauté flagrante malgré qu’elle ne puisse pas la voir, sa crise de schizophrénie avait refaite surface et sa cleptomanie avec.

Voilà pourquoi la jeune femme se promenait à une heure aussi tardive dans les rues de Balbadd, sous la lune éclatante tel un renouveau, le bijou qu’elle venait de voler en main.
D’ailleurs heureusement qu’elle avait un peu modifié son apparence pour se fondre dans les ombres et ne pas se faire repérer : vêtements noirs, teinture noire pour ses cheveux, par contre le bandeau…. Il était plus là pour qu’elle puisse se concentrer sur ses autres sens « serpentesques ».

Et ce bandeau, elle s’en débarrassa bien vite lorsqu’elle atteignit le centre-ville de la toute récente république, pour révéler la couleur bleu vert d’eau si particulière de ses grands yeux qui auraient pu paraitre innocents et enfantins au premier abord, le rangeant dans sa tunique légèrement ouverte au niveau de sa poitrine avant de se mettre à soupeser l’objet volé et de se diriger vers une échoppe qu’elle appréciait fortement, surtout la gérante en fait, une charmante femme qui gérait en secret une guilde d’assassins au service de la « noblesse » et qui l’avait déjà à de nombreuses reprise aidée.
Bien sûr elle ne manqua pas de bousculer quelques personnes malgré sa manière de se déplacer dans la foule, mais se stoppa net en entendant soudainement du bruit de l’autre côté de la place, comme si une bagarre s’apprêtait à démarrer.

Aussitôt elle recula… Sauf qu’elle se rappela et entendit  un peu tardivement qu’il y avait un marchand ambulant juste derrière elle et se prit royalement la carriole de plein fouet dans le dos en trébuchant et en la faisant basculer avec elle en arrière, créant de l’agitation tout autour d’elle ainsi que des éclats de rire ce qui eut l’effet de stopper la bagarre de l’autre côté de la place. Il était certain que cette histoire allait faire le tour de la ville en un rien de temps….
Ce dont Taly’An ne s’était cependant pas rendu compte, c’était qu’à cause de cela, elle venait de perdre son bijou.

Les voyages diplomatiques, voilà quelque chose qui faisait la joie de Sinbad... Non vraiment... Fraîchement revenu de la capitale de l'empire Kou afin de négocier les conditions de "reddition" de Balbadd, le roi de Sindria était de retour sur les terres d'Ali Baba afin d'apprendre la nouvelle au gouvernement de transition. Malgré tous ses efforts il n'était pas parvenu à obtenir l'indépendance totale du pays marchand. Une force militaire et une sorte de régent de l'empire seraient présents afin de garantir un contrôle modéré de la région. Balbadd était en quelque sorte devenu une colonie mais en gardant quelques avantages comme la possibilité de commercer avec d'autres pays, du moins pour le moment, le roi des septs mers ne se faisait aucun doute quant à la position de Kou qui ne saurait tarder de revoir son positionnement.

Toujours était il qu'il devait maintenant en informer tout le monde, la pilule serait peut être dure à avaler surtout après tous les évènements des dernières semaines qui avaient ébranlés jusqu'à la moindre pierre de la ville état. Seul, sans escorte, Sharrkan et Spartos étant déjà à l'hôtel, Sinbad se baladait dans la cité afin de voir de ses propres yeux la condition du peuple après le chaos. Et tout ce qu'on pouvait dire c'est que la vie semblait avoir repris ses droits. Le mercantilisme était revenu à Balbadd et la population avait repris son train de vie, loin de toutes ces décisions politiques ennuyantes. La nuit était tombé depuis déjà plusieurs heures et pourtant les marchands ne semblaient pas prêts à aller dormir. Une ville qui ne dort jamais, voilà ce qu'était et ce que resterait Balbadd. Sinbad avant un peu de temps à tuer avant son rendez vous dans l'ancien palais royal, devenu siège de la république, il avait la nuit pour lui et comptait bien en profiter un peu.

Se dirigeant machinalement vers le même troquet à la recherche d'une douce compagnie, il fit le détour par une rue animée. Beaucoup de marchands s'étaient installés d'un côté et de l'autre et tentaient de refourguer maints camelotes au chaland. Ne prêtant aucune attention à ces derniers, il en bouscula un sans y avoir mis aucune mauvaise volonté. La réputation du sang chaud des gens du sud n'était plus à prouver, et le camelot se mit dans une rage folle, insultant et beuglant Sinbad, prétextant que sa bousculade avait fait tomber son vase le plus cher et qu'il devait maintenant le payer. Quelque peu absent de la conversation et ne voulant pas s'immiscer plus que ça, le roi tenta tant bien que mal de désamorcer la situation en disant qu'il paierait. Quelle erreur... Affichant clairement qu'il avait de l'argent, il attira le regard d'autres marchands qui l'encerclèrent et le harcelèrent afin qu'il achète également leur marchandise de basse qualité. Cette liesse dégénéra très vite en pugilat entre marchands dans lequel fut inévitablement embarqué le monarque. Essuyant un coup de poing dans le museau, il en esquiva un deuxième en décalant sa tête puis en arrêta un autre en tordant le bras de son agresseur. Quelque peu inconscient de la force qu'il déployait contre des gens du peuple, il s'excusa immédiatement mais baissa sa garde et encaissa alors un coup de pied directement dans ses bijoux royaux. Passant d'un teint rosé à un blanc cadavérique, il s'écroula face contre sol, les mains appuyant son entre-jambe, un doux filet fluet de voix venant rajouter un côté encore plus ridicule à la scène.

Quand soudain, tout s'arrêta, et les cris furent remplacés par des rires. Ouvrant de nouveau les yeux afin de voir ce qu'il se passait, il était nez à nez avec un collier d'une beauté incroyable qui jonchait là sur le sol. S'en emparant discrètement il releva alors la tête pour analyser la situation. Une jeune femme venait de tomber, sûrement de peur devant l'agitation, et en renversant la carriole d'un marchand, elle s'était attirée toute l'attention et les railleries de la ruelle. Cependant les passants ne semblaient pas avoir remarqué quelque chose qui n'aurait jamais échappé à quelqu'un d'aussi observateur que Sinbad. Elle était tombé à cause d'un handicap, mais peu importe, le grand roi ne pouvait laisser une demoiselle en détresse. Prenant son courage et son service trois pièces à deux mains, il se releva d'un seul coup et se rapprocha rapidement de la belle en difficulté. S'abaissant afin de se trouver à son niveau il lui chuchota quelques mots:

- " Jouez le jeu, je vais nous sortir de là ", dit il d'une voix douce et rassurante
Il l'aida alors à se relever et fit un tour sur lui même afin de voir si il avait encore l'attention de la foule, ce qui était le cas... Il hurla alors.
- " Ma chérie tu étais donc là !! Ca alors je t'ai cherché partout... Quelle empotée tu fais, allez viens on s'en va, il se fait tard "
Agrippant la jeune Taly'an par le bras, ils se dirigèrent vers une ruelle perpendiculaire, plus sombre mais moins animée. Cette dernière semblait interminable, et Sinbad devait maintenant s'expliquer.
- " Je suis désolé pour cette supercherie, mais je pense qu'on ne s'en serait pas sortis sinon, vous allez bien? "
Ecoutant sa réponse, il se rappela alors du collier qu'il avait ramassé et qui appartenait sûrement à cette femme qui avait du le faire tomber dans sa chute.
- " Tenez, ça vous appartient non? Faites attention à ne pas le perdre, avec tous ces voleurs on ne sait jamais. ", termina t'il d'une voix teintée d'un sourire
Le déposant directement dans ses mains afin qu'elle puisse sentir de quoi il s'agissait, il en profita pour quelque peu apaiser son magoi qui était véritablement en ébullition après cette mésaventure.

Cependant tout ne semblait pas terminé. Alors que la fin de la ruelle ne se dessinait toujours pas, les deux Sindriens furent en un éclair encerclés par des voleurs, ou tout du moins un groupe de 8 personnes qui ressemblaient à des voleurs. Armés de lames courtes et autres épées, il fixaient le "couple d'un soir" d'un air agressif, le collier brillait sans doute trop sous les torches nocturnes de Balbadd...

Cependant, il y avait bel et bien eu un net avantage à ce retournement soudain de situation, à cause duquel soit dit en passant la jeune femme venait de se ramasser en pleine face la pire humiliation depuis la fois où…. Non rien, mieux valait se taire, mauvais souvenir à effacer de la mémoire….
Soit je disais ! Le seule avantage en effet de cette situation incongrue était la suivante à savoir, la petite crise de schizophrénie de la jeune femme venait pile se finir en moment même où elle s’était cognée la tête contre la carriole ambulante à terre également ! Un véritable avantage pour la petite fille qu’elle était encore vu qu’ainsi, pour une fois dans sa vie, elle n’aurait pas à se réveiller le lendemain matin dans un endroit totalement incongru.
Bon bien sûr l’inconvénient à présent ou plutôt les inconvénients étaient que sa tête lui tournait à présent et qu’on allait parler de cette histoire jusqu’à mathusalem… Et il y avait aussi le collier… Oui, la jeune magicienne avait complètement oublié qu’elle l’avait volé, sans doute le pire de ce qu’il pouvait lui arriver jusque-là…

Lorsque Taly’An revint enfin plus ou moins à elle quelques minutes seulement après, en se frottant doucement la tête, ce furent d’abord les rires moqueurs qui résonnèrent dans sa tête comme une cloche tintant à tue-tête, assommante et insupportable. Ensuite vint position inconfortable dans laquelle elle se trouvait et pour finir, la sensation qu’elle avait fait quelques chose de répréhensible, comme souvent d’ailleurs.
C’est bien pour cela qu’elle tenta la minute d’après de se sortir du pétrin dans lequel elle s’était mis, ses fonctions motrices revenant petit à petit, ses jambes se remettant à gigoter doucement comme la queue d’un serpent coincée sous un rocher.

Bien vite cependant, la petite jeune fille se stoppa net dans son geste en sentant soudainement une présence à ses côtés. Une présence autour duquel le Magoi affluait à un tel point que cela lui semblait oppressant. D’ailleurs quel genre d’individu normal pouvait posséder en posséder une quantité pareille ?! C’était aberrant !
Bien que cela pouvait paraitre étrange, avec sa cécité en plus, l’albinos avait appris depuis longtemps à ressentir au lieu de voir le Magoi. D’ailleurs cela lui était des plus utiles par moment…
Sauf qu’alors qu’elle ne s’attendait uniquement à ce qu’il l’aide à se relever, avec une voix aussi grave ça ne pouvait pas être une femme où elle la plaignait sérieusement, l’inconnu lui chuchota une phrase des plus surprenante à l’oreille qui eut tout le mérite de la laisser pantoise.

- Je vous demande pardon ?

Déclara-t-elle presque sur un ton tout de même faible avant d’avoir droit après qu’il l’eut aidée à se relever à l’une des mascarades les plus hallucinantes selon ses termes à elle avant d’accepter tout de même de jouer le jeu et de faire la pauvre petite femme maladroite et honteuse et baissant la tête, rentrant les épaules, les joues en feu –Il lui suffisait de repenser à la pire honte qu’elle avait vécue pour y arriver sans problème- et de murmurer un petit « Désolé…. » presque sincère s’il avait été réel avant de se laisser entrainer sans un mot, la tête toujours baissée.
La magicienne n’osa alors seulement la relever que lorsqu’elle fut sûre qu’ils s’étaient suffisamment éloignés, son pas reprenant un peu d’assurance.
Un autre point qui intrigua la petite femme fut ensuite la raison pour laquelle il l’avait aidée. C’est vrai après tout ! Il aurait très bien pu passer son chemin et la laisser se débrouiller là et reprendre le cours normal de sa vie mais non. Heureusement pour elle qu’une réponse suivit bien vite, et elle se permit enfin à sourire légèrement en levant son visage vers l’étranger.

- Il n’y a pas de souci, je devrais même vous être reconnaissante de m’avoir aidée.

Commença-t-elle tout d’abord avant se rendre enfin compte qu’elle risquait de se retrouve avec de fameux bleus le lendemain avant de répondre tout même à sa seconde question

- On peut dire ça…. Et vous ?

Comme elle le disait si bien : ça ne coutait rien de demander. D’ailleurs il valait mieux vu qu’une seconde hypothèse sur la raison de sa venue à son aide et du « on ne s'en serait pas sortis » venait plus ou moins d’effleurer son esprit. La magicienne n’eut cependant pas vraiment de s’attarder sur le sujet qu’il lui remit soudainement un collier entre ses mains. Et aussitôt ses yeux arrondirent tandis qu’elle le reconnaissait au toucher avant qu’elle ne porte une main à ses cheveux, ne l’écoutant même plus, les effleurant doucement pour porter la poudre noir à son nez et la sentir doucement… Ouaip….. Elle avait bel et bien recommencé !
Aussitôt elle se sentit mal, surtout lorsqu’il évoqua le mot « voleur »…

- Euh…. Merci……

La blandinette rangea alors immédiatement et discrètement son objet volé dans son ample tunique par sécurité mais un peu trop tard. En effet, ses sens amoindris à cause de la collision n’avaient pas été fichus de la prévenir du danger et ils se retrouvaient à présent encerclés par une bande de voleur, sans aucun doute attiré par la pièce d’une extrême rareté…. C’était bien sa veine aujourd’hui, se dit-elle alors, avant de simplement créer un leurre du collier, entièrement fait de glace et de le maintenir en main.
Elle hésita ensuite à attaquer directement avec un poignard pur élément arctique mais se dit qu’une attaque plus subtile serait peut-être préférable. Et puis elle n’était pas une guerrière elle ! Juste une innocente et faible petite fille incapable de se défendre, juste bonne à se protéger derrière un bouclier… Bien sûr il fallait retirer le premier adjectif mais bon……
...... Quoique tout compte fait.... Une attaque simple ce n'était pas si mal aussi....

- Vous prenez ceux de gauche et moi ceux de droite ?

Demanda-t-elle alors l'air tout à fait sérieuse, sans sourire, sans doute attendant une réponse nette et précise.
Sauf qu'elle n'attendit pas vraiment et créa directement un poignard de glace, ça faisait toujours plus de dégât qu'autre chose selon elle, avant de se mettre directement à attaquer tout en évitant un coup dans les côtes avec l'agilité d'un serpent, animal avec lequel elle s'était retrouvée hybridée durant son enfance.
Bon bien sûr, la jeune fille n'était pas un assassin, et ne comptait se servir de son arme improvisée uniquement pour les blesser aux poignets et leur faire lâcher leurs lames.

Oui, la technique de combat de la jeune femme laissait plus que tout à désirer. Elle était nulle, à peine utile lors de combat de rue et mortelle pour elle si elle avait à se battre contre un soldat. Tout ce qu’elle avait pour elle étaient sa lâcheté, son agilité à se déplacer et son arme de fortune qu’elle pouvait faire apparaitre et disparaitre à volonté. Et pourtant malgré tout cela elle n’en avait point honte, n’en ressentait pas la moindre gêne parce que sa magie lui suffisait, même si elle ne l’avait pas utilisée alors qu’elle aurait sans doute été mieux vue auprès d’autrui, preuve à l’appui quelques minutes à peine après.

Et par conséquent, sans attendre une réponse de son ainé, l’albinos avait directement attaquée, désarmant tout d’abord un des premiers agresseurs, lui assenant un coup au poignet pour ensuite passer aux trois suivants, légèrement trop coriaces pour elle, faible petite fille. Pourtant elle n’eut pas trop de mal à les éliminer, d’une certaine façon, créant un brouillard en premier à partir de son élément avant de les assommer…… Tout cela était d’une lâcheté ! …. Mais bon, s’attaquer à une femme sans défense c’était quoi peut-être ? … Bon d’accord pas tout à fait sans défense…

Il y avait cependant bien une chose qui avait intriguée Taly’An durant son combat inégal de deux minutes, alors qu’elle se concentrait surtout sur ce que elle faisait et non son compagnon d’un soir… Pour quelle raison les Rukhs s’agitaient-ils autant autour de lui ? …. Une énigme qu’elle comptait résoudre au plus vite……

Et le combat se termina alors bien vite étrangement, la magicienne se permettant un petit soupir de soulagement tout en évaluant une de ses blessures parce que oui elle n’était pas infaillible et que ses défenses physiques étaient en dessous du palier faiblesse, l’homme empoigna son poignet tout en prononçant cet unique phrase sur un ton qui lui déplut fortement " Nous devons sortir de là, rien ne nous dit qu'il n y en a pas d'autres... ".

La petite jeune femme se laissa pourtant entrainer sans broncher, comme une gosse dont il fallait s’occuper, prête à tout moment à éclater et faire sa mijaurée jusqu’à ce qu’ils atteignent enfin la vraie ville d’une certaine façon qui la revigora et lui fit retrouver son air insouciant et enfantin. Et c’est d’ailleurs presque avec plaisir qu’elle s’installa à la place indiquée. Il prit alors la parole, puis déposa brusquement du moins pour elle la chope devant son nez, la surprenant. Et Taly’An se renfrogna avant d’hausser les épaules.

- Je n’en ai aucune idée et je m’en moque, même si j’ai tendance à appeler ça un réflexe…………… Je m’appelle Tal…

Et elle ne termina point sa phrase parce que son énigme venait enfin d’être résolue sans qu’elle eut quoi que ce soit à dire, coupant presque court à la seconde question du roi de Sindria.

- C’est pour ça que les Rukhs étaient aussi agités !

S’exclama-t-elle immédiatement sans donner plus d’explications avant de rehausser les épaules puis de se reprendre et de répondre entièrement cette fois-ci.

- Je m’appelle Taly, originaire d’Héliohapt et habitante de Balbadd depuis plus de dix ans….. Même si je doute que ce soit la tenue qui vous ait mis la puce à l’oreille….

Oui, la magicienne était parfaitement au courant de la mode de son pays d’origine et c’était non merci, ses vêtements larges, amples et chastes lui convenaient parfaitement. Elle sourit ensuite avec légèreté en déclarant soudainement, preuve que ses oreilles n’étaient pas encore bonne pour « la casse ».

- Arrêtez de vous agiter un peu, s’ils reviennent je vous en informerai de suite! Par contre vous êtes franchement étrange parce que pour aider une voleuse il faut le faire ! … Quoi que peut-être vous ne vous en étiez pas rendu compte et que je viens de vous avouer mon larcin mais tout de même, vous êtes bizarre ! Bon certes, je ne l’ai pas vraiment fait exprès, c’était inconscient… Et je crois d’ailleurs que c’était le choc avec la carriole qui m’a réveillée de mon état second. C’est ça le plus embêtant en plus avec mon problème mental ! Pourquoi ce sont toujours les fois où je m’endors où quand je me cogne que je reviens à la normal ! J’y comprend rien du tout ! Et en plus…

La jeune fille, partie dans ses délires intempestifs venait enfin de se rendre compte qu’elle parlait trop et se tut alors soudainement.

- Je vais me taire ….

Avant de boire une gorgée de l’amer boisson pour appliquer sa résolution et de ne plus sortir un mot durant la minute qui suivit……… Puis de recommencer à parler parce que c’était plus fort qu’elle.

- Au fait que faites-vous ici exactement ? A Balbadd je veux dire….

Et en attendant une réponse, la jeune femme but à nouveau une gorgée, le regard comme perdu dans le vague pour certains passants vu qu’il était rivé vers le sol avant qu’elle ne lève soudainement son visage en direction d’une des ruelles et ne déclare.

- Je vais finir par croire que vous me portez la poisse…...

La jeune aveugle lui répondit qu'elle se moquait de la raison pour laquelle elle avait préféré la violence à la diplomatie. Certes, Sinbad était un homme plein d'assurance et bourré de pouvoirs en tout genre, dont le simple nom suffisait à calmer les esprits échauffés, mais il avait toujours mit un point d'honneur à la diplomatie. N'avait-elle donc jamais connu le corps mutilé par la brutalité d'une personne aimée ? Sinbad mit cette réponse sur le dos de la fougue de la jeunesse. Lorsqu'elle se présenta à son tour, Sinbad lui répondit qu'il était enchanté de faire sa connaissance, accompagnant les mots à un sourire.

Il but sa gorgée en scrutant les environs. Jusqu'à ce qu'elle ne lui sorte un monologue des plus étranges. En l'écoutant tout déballer ainsi, son sourcil se leva inconsciemment, surplombant une mine déconcertée. Il ne saurait dire si ce qu'elle racontait était vrai, ou si elle se fichait de sa poire. Lorsqu'elle eut fini, Sinbad eut un rire sous cape et ne pu s'empêcher de la réconforter de façon un peu plus familière, sans pour autant être grossier.

- " Continue, je t'en prie. C'est un réel délice d'en savoir plus sur une si jolie voleuse "
Il ne manqua pas de marquer le dernier mot d'ironie. Sans doute était-elle gênée de son acte, aussi voulait-il seulement la taquiner un petit peu.

- " Ce que je fais ici ? Affaires top secrètes, j'ai bien peur de ne pouvoir combler ta curiosité. "

Et il mit son index devant un sourire tout en rapprochant son visage du sien afin de lui chuchoter ceci.
Cela n'avait rien d'un secret, mais il ne voulait pas gâcher une si belle nuit avec ces histoires politiques ennuyeuses.
Il les avait également aperçu, ceux qui se tapissaient dans l'obscurité de l'une des ruelles.

- " Ne dis pas de telles choses, voyons, sans cette "poisse", nous ne nous serions pas rencontrés "

Sinbad failli partir dans un ardent discours sur l'importance des voyages, des gens que l'on y rencontre, les nouvelles choses que l'on découvre sans même s'être imaginé qu'elles pouvaient exister.

Tout de même, ces gens étaient incroyablement tenaces.
- " Peut être devrai-je te ramener chez toi ? " pensa t-il à voix haute.

Après avoir prononcé cette hypothèse, il la prit à nouveau par la main. Il allait surement le faire, mais pas avant d'avoir pu profiter de sa compagnie. Ils se dirigèrent vers un quartier plus animé par le souk organisé en cette nuit fraîche. En marchant, il passa son bras autour des épaules de la belle, tenant l'une d'entre elles dans la main, ressemblant ainsi à un couple pour un œil inconnu.
C'était juste qu'il y avait beaucoup de monde et qu'il voulait la guider sans la perdre.

- " Ne t'en fais, ils n'oseront pas nous attaquer avec tous ces gens autour. "

Puis il accéléra le pas en voyant les produits que proposait un étal.

- " Je ne m'attendais pas à en trouver ici ! Ce sont des fruits qui poussent loin d'ici. Tu veux essayer ? "

Insouciant forcé par les circonstances, il lui mit l'un des fruits dans les mains.