Un Homme n'a pas de frontière de race ! (Pv Hideyo)

Aujourd'hui il faisait un temps nuageux. Venant de se faire blâmer pour son attitude par d'autres capitaines, Jin était plutôt de mauvaises humeurs. Il se promenait ronchonnant seul à travers un beau paysage rural. Personnes n'empreintaient ces sentiers donc il pouvait être sûr d'avoir la paix pour au moins cette journée.

Il repensa à ce début de journée. Apparement une des servantes se serait plainte d'harcèlement provenant d'un des capitaines sur sa personne. Elle aurait ensuite eu peur de revenir au Palais. Elle donna son portrait à d'autres haut gradés qui sont allés chez Jin, ont forcé l'entrée de sa demeure et l'ont retrouvé affallé dans son vomi en plein milieu de son salon. Par solidarité ils ne répéteront rien en remerciement des bons plans du mauvais soldat mais ils le menacèrent d'aller voir plus haut si jamais cela se reproduisait.

-Pour qu'ils se prennent ? Plus jamais ils m'appellent "Aniki". Et le nombre de fois où je les ai sorti de la galère ou que je leur ai présenté des connaissances féminines ! Pff bande d'hypocrites.

Se dit-il à haute voix.
Il était si énervé qu'il donna un coup de poing direct dans un arbre à sa droite pour se défouler (Son maître lui avait toujours répété qu'il fallait extérioriser sa rager), perforant l'écorce et fissurant l'arbre. Il vit son oeuvre et se dit qu'il n'avait pas perdu la main avant de remarquer les échardes sur sa main. Il s'assit, les retira une par une tout en bouillonnant de rage.

De l'aide ? était-il stupide ou gravement atteint celui-là ? Et puis qui est assez fou pour venir parler à un homme en simple veste mais torse nue, grommelant seul et frappant un arbre ? Un autre fou, d'après Jin.

- Non, à moins que tu cherches aussi à te ruiner la main en tapant sur cet arbre et en  finissant avec des échardes sur la main à ton tour.

Le jeune homme avait les cheveux rossés, et de nombreuses cicatrices sur lui. Jin avait déjà vu ce cas-là à de nombreuses reprises, il s'agissait donc d'un esclave fanalis (une espèce assez rare) sûrement sorti faire les courses pour son maître ? Non, pas ici, il devait être libre. Le capitaine s'en foutait pas mal de toute façon.
Par contre qu'un fanalis aussi frêle, se promène tout seul ici, c'était à la limite de l'inconscience. Il ne semblait pas si féroce que ça, il regardait Jin d'un air gêner. Comment le mettre à l'aise ?

- Bon mon grand, Si tu veux m'aider raconte-moi quelque chose de drôle.

-Pas doué pour les blagues, dommage.

Jin attrapa la main du jeune Fanalis et se releva. Le jeune homme lui demanda son prénom. était-il vraiment correct de lui donner son véritable nom et sa position dans l'empire Kou ? Un fanalis libre aura forcément une rancœur envers les esclavagistes, et Jin est lui-même propriétaires de quelques esclaves. Il allait donc se faire passer pour un simple marchand.

- Je suis Nanutso Jin, le marchand. Je suis un vendeur de vêtements en tous genres, d'ailleurs je porte toujours ma collection sur moi.

Cette personne de plus près était vraiment plus jeune que le capitaine.

-Je te remercie pour ton aide gamin, je te le revaudrais en t'emmenant dans le meilleur bordel (endroit remplit d'Onee-san) de tout l'empire. Avant ça faut que je me remette de mes émotions avec un bon petit verre ! T'es de la partie ?

Décidément c'était réellement un salaud, le prétexte de boire un verre pour saouler son partenaire et en tirer le maximum d'info sur lui. Jin avait cette fascination particulière pour les fanalis, il arrivait même qu'il s'inspire de leurs mouvements pour se battre. S'il a dû forger son corps et son mental pour atteindre un niveau un cran en dessous d'un fanalis adulte, ces derniers le sont dès la naissance. "Quelle race effroyable" pensa Jin, mais aussi.. intéressante.
 

Donc le jeune fanalis était encore plus jeune qu'il ne le pensait. Quelle idée pour lui de se promener dans ce territoire hostile à leurs races. Avant, tout breuvage alcoolisé dégoutait le soldat, son père était lui même un alcoolique vétéran et Jin ne voulait pas finir comme lui. Il se souvint des mots de son frangin avant sa première cuite.

- Tu sais petit. Les grands disent que l'alcool est une boisson pour te renverser les tripes et le cerveau afin que tu finisse nue dans le caniveau, mais ne les écoutes jamais. L'alcool est la boisson de l'homme, elle permet de tester ta résistance, elle permet de voir si tu en as ou pas. Il n'y a pas d'âge pour en boire, si tu en as là ou il faut gamin, tu bois sans discuter.

Il dit cela en regardant le jeune homme droit dans les yeux avec un léger sourire en coin. Sur ce coup aucun mensonge ne sortait de sa bouche, juste des paroles presque d'ordres divins pour lui, provenant de l'homme qu'il a toujours respecté.

- Puis c'est quoi ça majeur ou mineur ? Majeur c'est mon doigt et mineur c'est les péquenauds pleins de charbon donc à moins que tu ne sois un péquenaud, tu viens avec moi et tu acceptes mon offre. Ta mère ne t'as jamais appris accepté les verres gratuits des inconnues ?

Dit-il en rigolant avec un ton semi-ironique et bienveillant.

Il prit le jeune fanalis sous le coude et l'embarqua dans un petit bar paumé du coin ou personne ne trainait jamais. L'établissement était tenu par un vieillard et pas n'importe lequel.
un petit vieillard sec et maigre, vêtu d'une robe en velours noir, serrée autour de ses reins par un gros cordon de soie. Sur sa tête, une calotte en velours également noir laissait passer, de chaque côté de la figure, les longues mèches de ses cheveux blancs et s'appliquait sur le crâne de manière à rigidement encadrer le front. La robe ensevelissait le corps comme dans un vaste linceul, et ne permettait de voir d'autre forme humaine qu'un visage étroit et pâle. Sans le bras décharné, qui ressemblait à un bâton sur lequel on aurait posé une étoffe et que le vieillard tenait en l'air pour faire porter sur le jeune homme toute la clarté de la lampe, ce visage aurait paru suspendu dans les airs. Une barbe grise et taillée en pointe cachait le menton de cet être bizarre, et lui donnait l'apparence de ces têtes judaïques qui servent de types aux artistes quand ils veulent représenter Moïse. Les lèvres de cet homme étaient si décolorées, si minces, qu'il fallait une attention particulière pour deviner la ligne tracée par la bouche dans son blanc visage. Son large front ridé, ses joues blêmes et creuses, la rigueur implacable de ses petits yeux verts dénués de cils et de sourcils. Une finesse d'inquisiteur trahie par les sinuosités de ses rides et par les plis circulaires dessinés sur ses tempes, accusait une science profonde des choses de la vie. Il était impossible de tromper cet homme qui semblait avoir le, don de surprendre les pensées au fond des cœurs les plus discrets. Les mœurs de toutes les nations du globe et leurs sagesses se résumaient sur sa face froide, comme les productions du monde entier se trouvaient accumulées dans ses magasins poudreux. Vous y auriez lu la tranquillité lucide d'un Dieu qui voit tout, ou la force orgueilleuse d'un homme qui a tout vu. Un peintre aurait, avec deux expressions différentes et en deux coups de pinceau, fait de cette figure une belle image du Père Eternel ou le masque ricaneur de Méphistophélès, car il se trouvait tout ensemble une suprême puissance dans le front et de sinistres railleries sur la bouche. En broyant toutes les peines humaines sous un pouvoir immense, cet homme devait avoir tué les joies terrestres. Le moribond frémit en pressentant que ce vieux génie habitait une sphère étrangère au monde, et où il vivait seul, sans jouissances parce qu'il n'avait plus d'illusion, sans douleur parce qu'il ne connaissait plus de plaisirs. Le vieillard se tenait debout, immobile, inébranlable comme une étoile au milieu d'un nuage de lumière. Ses yeux verts, pleins de je ne sais quelle malice calme, semblaient éclairer le monde moral comme sa lampe illuminait ce bar.

C'était un homme surprenant, Jin et lui était très complices, ils se connaissaient depuis belles lurettes. C'était une sorte de grand père pour le capitaine, un grand père qu'il na jamais eu mais qu'il lui a appris beaucoup.