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 [18+] Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstres... [5 de Chaabane 1002]

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۞ 1ère apparition : 12/06/2017

۞ Rukhs : 57

۞ Rukh rose : Célibataire

۞ Localisation : Kou

Fiona
Fiona

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MessageSujet: [18+] Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstres... [5 de Chaabane 1002]   [18+] Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstres... [5 de Chaabane 1002] EmptyDim 25 Juin - 15:05

Je suis chasseuse de monstres


C'était la troisième fois que Fiona fuyait tête baissée. Elle ne le faisait non pas par inadvertance mais parce que son regard avait perdu de son éclat. Sa confiance en elle avait été soufflé une fois encore, il n'y avait rien de plus dur à supporter. Elle s'était voulue fière sur le moment mais ce faux semblant avait rapidement périclité. C'était une fille honnête et elle ne put considérer plus longtemps les forbans auxquels elle faisait face.

Quelques jours auparavant, Fiona avait accepté la difficile mission d'occire un dragon qui menaçait les voyageurs proches d'une région au Sud de Remano. Elle avait d'abord hésité à conclure le contrat, mais devant l'insistance de cette poignée de marchands et bonshommes, et leur promesse de récompense alléchante, elle accepta. Retrouvée à parcourir ces landes, ce territoire de maquis aux rivières fraîches, aux arbrisseaux courts, empli pourtant de gazouillis d'oiseaux, elle avait peu à peu réussi à remonter la piste de la créature. Sans dormir depuis près de deux nuits, elle ne relâchait pas sa traque, ne s'arrêtant seulement que pour entretenir sa lame lorsque les derniers rayons du soleil s'évanouissaient. Sa concentration vacillait mais elle ne lâchait rien, elle voulait sa prime plus que tout, et ce le plus vite possible. L'important était aussi d'écarter la menace rapidement pour éviter de futures victimes. Ce fut au cours de cette dernière nuit qu'elle sentit un souffle, comme si une masse venait de la survoler. Dans cette obscurité, Fiona ne put reconnaître ce qui était passé au dessus d'elle, mais elle gageait que cela ne pouvait être que sa cible, ce dragon. Consciente qu'elle ne pourrait suivre un ennemi volant très longtemps, elle opta pour chercher un point perché dans les environs. Si la créature avait effectué un vol si bas, c'était que son nid n'était pas si loin.

Sur une élévation rocheuse, elle put apercevoir avec les premières lueurs du jour une anomalie, cette ombre dansante et inquiétante qui venait tout juste de rabattre ses ailes. Le dragon. Elle s'approcha le plus discrètement possible, et fit le tour de cette rocaille pour y escalader d'un côté non découvert. A plat ventre au sol, Fiona vit à des dizaines de mètres d'elle la créature, portant intérêt à sa progéniture encore sous forme d’œufs. Le problème était plus grave qu'il n'y paraissait. Si Fiona ratait son coup, la région serait sous le joug d'une invasion rapide et dévastatrice. De sa position, elle ne put compter qu'une dizaine d’œufs, elle fronça les sourcils et plissa les yeux pour mieux voir la créature de profil. Ce qu'elle vit alors lui força un sourire en coin, elle se sentait bien plus d'attaque à présent. Se dressait face à la chasseuse de monstres une bête de plus en plus rare sur le continent, sa queue d'écailles et longue y faisait penser mais ses plumes sur le corps et ses ailes de chauve souris avaient tout pour rappeler le cocatrix qu'elle était. Enfin sa tête et ses pattes avaient tout du coq. Si le soulagement de ne pas combattre un véritable dragon l'étreignit, elle ressentit une certaine appréhension. Fiona n'était pas vraiment prête à affronter un cocatrix ici, sur cette élévation où peu de mouvements étaient envisageables. De plus, ne rien préparer contre le souffle empoisonné de la bête était une idiotie toute fondée. Elle n'eut plus le temps de renoncer, si elle revenait en arrière, si elle hésitait encore, elle aurait peut-être bien plus de créatures à tuer à son retour. Sans plus d'infos sur le stade d'éclosion des œufs, il fallait seulement faire vite.

La bête ne l'avait pas encore dénichée alors Fiona s'équipa de son djinn sous forme partielle, se releva et en un instant fondit sur la créature sans lui laisser plus de temps pour s'envoler. Le coup fut moins précis que ce qu'elle escompta. Le cocatrix esquiva tant et si bien qu'il put lui asséner un violent coup de bec qui vint la heurter au bras gauche. Hurlant de par la rage du combat et de la douleur de la blessure encourue, Fiona redoubla d'intensité dans ses mouvements super rapides et put porter quelques coups d'estocs dans le corps de la créature qui, par instinct de survie, tenta la fuite par les airs. Maladroitement, la créature sauta de l'élévation rocheuse et si elle tomba de quelques mètres avant de reprendre un vol incertain, elle commençait déjà à s'éloigner. Fiona, qui ne se plaignait pas de son bras gauche en triste état, sentait le sang couler de la plaie et frissonnant de douleur, elle ferma les yeux, faisant appel à ses dernières ressources de magoï disponibles. Le regard fixé sur la créature qui semblait pouvoir abandonner son nid aisément, Fiona se mit en position de début de course et sa vitesse d'élan fut prodigieuse. Il le fallait car elle se trouvait actuellement dans les airs après un bond si conséquent qu'elle avait rattrapé la bête qui peinait à s'éloigner rapidement de la chasseuse. La gravité la ramena bien vite dans un souci évident. Cependant, la manœuvre fut un franc succès, elle tomba tout droit sur le cocatrix qui sous le poids de la jeune femme fut emporté dans sa chute, sans aucun moyen de lutter de ses ailes fatiguées. Fiona asséna de multiples coups à la créature en vol, ignorant sa blessure, l'adrénaline la maintenait en état de combattre encore. Le lac en contre-bas lui fit prendre conscience qu'elle courait à sa perte et avant même qu'elle ne put réaliser censément la chose, elle tombait déjà tout droit vers les abysses. Dans un sursaut de survie, elle tenta de retourner à la surface, affolée qu'elle était et éprouvée. Elle put rejoindre les bords de l'étang avant de s'y écrouler pour une bonne dizaine de minutes, haletant face contre terre, son épée toujours à sa main droite, sa plaie toujours ouverte et à présent ô combien douloureuse.

Fiona reprit ses esprits et maudissant de ne pouvoir retrouver aucune preuve, elle fit le tour en inspectant les berges du lac. Cette attention lui prit une heure encore, portant sa main contre son bras, accablé d'une douleur si aiguë. Elle retrouva la tête du cocatrix qu'elle avait détaché du reste d'un coup fatal durant sa chute, puis la plaça dans un sac de cuir qu'elle avait spécialement ramené pour. Trouvant un linge blanc dans sa panoplie, elle put bander son bras gauche avec les dernières forces de son bras droit restantes. Elle songea au souffle empoisonné, son regard s'obscurcit puis la chasseuse de monstres reprit calmement la route, les dents serrées. Elle retrouva un peu plus tard dans la matinée les marchands qui l'avaient contactée auparavant. Au lieu d'une bourse bien remplie, on lui jeta seulement des insultes. Lorsqu'elle présenta épuisée et à bout de forces le sac contenant la tête du cocatrix, on s'interdit de lui donner quelques pièces que ce fut. L'idée avait été d'occire un dragon, pas une créature semblable à un grand coq volant. Fiona n'eut même pas le temps de négocier plus que cela, tandis que certains commençaient déjà à la menacer de mort. Trop lasse et trop choquée pour encore avoir à combattre, elle quitta les lieux à toute jambe, étonnée de pouvoir encore fuir à cette vitesse. Et ce fut là, que sa confiance en elle-même s'était écroulée un temps, dans cette longue fuite en avant... Et le plus terrible était qu'elle songeait encore dans un coin de sa tête aux nombreux œufs censés éclore.

Perdant foi, perdant haleine, midi passé, elle put pénétrer à Remano,
se figurant qu'à la capitale, elle pourrait se faire oublier un temps des campagnes proches et de sa malhonnêteté. Ce n'était pas la première fois qu'elle était embauchée pour un travail de fait gratuit et même chassée de force. Valsant un petit peu dans les ruelles de Remano, la douleur de sa blessure la saisissant toujours plus encore, elle souriait idiotement en songeant aux précédents fois. On lui avait il y a quelques années empêchée de boire ne serait-ce qu'au puits d'un village pour des raisons bien obscures et la fois où elle avait vaincu un tigre à dent de sabre, elle avait été reçu par ses détracteurs avec une meute de chiens enragés après elle. Souvenirs... Dans une volonté de survie plus que d'autre chose, elle passa la porte d'un bordel pourtant peu encline à passer du temps dans ce genre d'endroit à l'accoutumée. L'endroit était un sale taudis, tenu par une courte patte rousse à la calvitie bien engagée. L'homme fut agréablement séduit et surpris par l'apparition de cette demoiselle-ci, tandis qu'autour plus d'un client retourna de ses affaires vers la jeune femme aux cheveux blancs. Car la pièce entière pourvue comme une taverne, de chaises et de tables rondes de bois pourri, était en fait le paradis de la luxure engagée et sans pudeur.

A moins de 5 mètres de Fiona, un homme tout juste dans sa trentaine venait de rejeter sa semence dans les yeux d'une femme à la poitrine engageante mais au visage imparfait et carré. Saisissant l'ambiance dans laquelle elle se situait, Fiona n'eut même pas le temps de songer à autre chose qu'elle fonça vers le tenancier. Elle semblait prête à s'effondrer, après deux nuits sans repos, ni même nourriture, ce combat si âpre et cette fuite amère. Ses cernes en témoignaient, sa voix qui se cassait et son ton éreinté aussi.



« Un alcool très fort je vous prie, un distillat m'irait très bien même, rapidement. »



Tous ceux qui entendirent s'en roulèrent les poignets. Une cible si alléchante, complètement épuisée et sur le point de se torcher. Ils oublièrent même l'épée, trop concentrés à examiner son fessier et ses formes. Après tout, pourquoi se farcir ces cageots quand on pouvait obtenir ce petit ange là au comptoir ? Et l'ambiance si propre à ces endroits délicats se poursuivait. Il arrivait même qu'en certains moments, le tenancier tendît des pièges aux infortunées demoiselles trop curieuses ou naïves qu'il croisait, leur proposant une affiche dans son "luxueux établissement". Quelques d'entre elles ce jour-ci étaient de celles-là, prises au piège, espérons que ce furent les dernières, alléchées par une fausse promesse de célébrité.

 
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۞ 1ère apparition : 07/05/2017

۞ Rukhs : 187

۞ Rukh rose : Ambigüe

Souhaya Salhi
Souhaya Salhi

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MessageSujet: Re: [18+] Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstres... [5 de Chaabane 1002]   [18+] Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstres... [5 de Chaabane 1002] EmptyMar 11 Juil - 16:54


Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstre
05/07/1002

Lei déposa un lourd panier de bijoux Torrans sur le sol, devant l’étalage désigné à sa caravane, et entreprit de les attacher à la table, au toit amovible et aux barres de suspensions dans un joyeux désordre organisé qui était sa marque de fabrique. Même si les bijoux semblaient être disposés au hasard, Lei les avait accrochés de telle sorte à ce que l’ensemble soit harmonieux, jouant le plus souvent sur les couleurs. Elle avait eu l’aide enthousiaste de Thaïs qui adorait jouer au jeu « assortir les couleurs » depuis qu’elle était petite. C’était une invention de Feng, la mère de Lei, pour faire participer les enfants et ça avait remporté un grand succès.

Les musiciens se dirigeaient en ce moment même vers la scène des artistes et Jing avait demandé à participer cette fois-ci, Lei était donc chargée de la remplacer pour la matinée. Sa cousine avait la particularité d’être douée dans la plupart des choses qu’elle faisait – ça avait provoqué pas mal de frictions lorsqu’elles étaient adolescentes – et si le marchandage était sa spécialité dans la caravane, elle jouait également de la guitare entre autres instruments. Jing était parfaite de l’avis de Lei et ça l’avait longtemps grandement énervée.

Elle prit un collier et grimaça en voyant le nœud qui l’attachait avec un bracelet, ou deux pour ce qu’elle en devinait. Elle s’assit à côté de son panier, mit une mèche rebelle derrière son oreille d’où elle s’échappa instantanément et entreprit la difficile tâche de désemmêler ces bijoux récalcitrants. Son père eut le temps de finir de mettre en place les marchandises alimentaires avec son beau-fils et sa mère de mettre un peu d’ordre dans les affaires déjà sur place lorsque Lei finit de démêler son nœud. Elle eut une exclamation de victoire qui attira l’attention de son entourage qui lui servit un même regard surpris mêlé d’interrogation. Un sourire étincelant graciant ses lèvres, la femme expliqua la situation avec sa nonchalante insouciance habituelle. Tao lâcha une remarque narquoise qui fit serrer les dents à Lei, elle s’interdit pourtant de répliquer. Elle ne savait pas comment il se débrouillait mais elle semblait toujours en tort lorsqu’ils se disputaient, elle n’avait pas envie de ça pour aujourd’hui. Hua arriva alors avec Ling et les enfants et Lei réclama de l’aide avec un regard malicieux. Ne s’y trompant pas, Adil courut vers elle et se mit au garde-à-vous, prêt à prendre en charge la mission qu’elle allait lui donner. La magicienne lui expliqua donc ce qu’elle était en train de faire et bientôt Adil se tenait aux côtés de Thaïs, des bijoux pleins les mains, autour du cou et sur la tête (à la mode porte-bijoux humain), pendant que Thaïs les accrochait. Lei demanda à Hua de passer vérifier de temps en temps et alla voir sa mère qui triait leurs papiers avec un visage concentré. Habituellement elle ne la dérangerait pas mais elle voulait aller visiter la ville. Comme c’était une journée relativement calme, c’était sans doute le meilleur moment pour s’éclipser.

« — Hum, oui, bien sûr, tu peux… marmonna distraitement sa mère.
— Merci maman, fit gentiment Lei avec un sourire avant d’ajouter malicieusement. Mais je ne faisais que t’en informer. »

Feng lui lança un regard sévère et Lei gloussa en s’éloignant. Elle adorait rappeler à sa mère qu’elle n’avait plus besoin de sa permission, ça faisait toujours réagir la très calme mais autoritaire Feng. Lei ramassa sa lance qu’elle avait posée dans un coin pour faire son boulot et entreprit de déambuler dans les rues. Elle ne se déplaçait plus sans depuis qu’elle s’était perdue dans la foule sans possibilité d’en ressortir, deux jours plus tôt. Ça avait été un moment assez horrible et elle s’était sentie devenir claustrophobe pendant quelques minutes. Elle en avait développé une grande sympathie pour les réels claustrophobes.

La magicienne déambula dans les rues sans vraiment savoir où elle allait, admirant les monuments qu’elle croisait sans vraiment les chercher, observant les échanges entre les citoyens ou avec les étrangers. La seule contrainte qu’elle s’était imposée était d’éviter les foules. Elle allait éviter les foules encore un certain temps, elle ne supporterait pas les bousculades ou même la sensation d’écrasement donné par les corps transpirants pressés contre le sien. C’était une réaction un peu stupide sûrement mais elle avait plutôt mal vécu son dernier bain de foule. Elle ne savait toujours pas comment elle s’en serait sortie si elle n’avait pas suivi le magicien aux rukhs noirs.

Absorbée par les bâtiments au style si différent de ce qu’elle avait vu avant, elle ne fit pas vraiment attention à la direction qu’elle prenait. Lei était déjà venue à Remano il y avait plusieurs années mais elle avait oublié à quel point l’architecture semblait différente ici, elle dégageait quelque chose de… majestueux que d’autres pays ne dégageaient pas. Son cœur gardait en favori les tipis de son enfance mais l’architecture de ce pays la charmait. Ses pas guidés par le hasard – ou le Destin, qui sait – s’aventurèrent dans des ruelles plus délabrées. Lei se rendit compte assez vite du changement d’atmosphère mais décida de continuer. Elle ne s’était jamais aventurée dans les quartiers malfamés de la capitale mais avait déjà rencontré des individus en provenant. Ce n’était pas glorieux mais, armée de sa lance, elle ne se faisait pas d’inquiétude pour sa sécurité. Elle était amplement capable de se défendre et la curiosité la gagnait à présent qu’elle était dans ces lieux.

Un bâtiment attira son œil. Blanchâtre, décoré, des personnes déambulaient devant la porte. Il paraissait presque trop propre pour une ruelle de ce genre – même s’il aurait été loin d’être considéré comme propre dans une autre rue. Si elle ne décela rien de vraiment étrange au premier regard – excepté peut-être quelques femmes qui ressemblaient à des prostitués, ce qui lui mit la puce à l’oreille – Lei avait un sentiment étrange à la vue du bâtiment. Remarquant sans doute qu’elle regardait le bâtiment d’un œil curieux, un homme s’approcha de Lei avec un sourire de vendeur et un œil concupiscent, interrompant ses pensées par une phrase doucereuse. Si le regard de la magicienne se fit légèrement méfiant, Lei lui retourna un sourire agréable. Il lui fit la conversation quelques instants, en bon marchand, puis l’invita à entrer dans le bâtiment, son regard trahissant une émotion soudainement plutôt malsaine. Lei n’y fit pas attention, son esprit déjà concentré sur ce qu’il pouvait bien y avoir derrière cette porte. L’homme avait vaguement parlé d’une possible affiche qui la ferait accéder à la célébrité mais Lei n’avait pas vraiment retenu ce détail. Elle n’était pas du genre à chercher à être connu de tous, ou plutôt elle ne recherchait pas l’attention que la célébrité apporte. Elle aimait connaître du monde mais préférait le faire en tant qu’amie, ce qui expliquait qu’elle n’avait portée qu’une attention légère sur cette partie du discours. Sa main se resserra légèrement sur sa lance et elle hocha la tête en direction de l’homme avec un sourire. Elle pressentait vaguement que c’était une mauvaise idée mais elle était définitivement trop curieuse pour refuser. Sans compter que ce n’était pas comme si elle risquait grand-chose, sa lance était un moyen de dissuasion efficace – quoique la notion de dissuasion était discutable dans ce genre de rues malfamées – ainsi qu’une arme tout à fait convenable.

Lorsqu’il ouvrit la porte pour l’y pousser, Lei comprit pourquoi un mauvais pressentiment l’avait parcouru. Le terme « bordel » était trop poli pour décrire un tel établissement. Si l’extérieur paraissait relativement accueillant, l’intérieur n’était que débauche. Elle se sentit légèrement gênée à la vue de ces « couples » faisant leurs affaires sans honte à la vue de tous et concentra son regard sur le bar, seul endroit qui semblait relativement ignoré des couples. Loin d’être ignorante en la matière, elle avait déjà croisée quelques hommes ou femmes avec qui elle avait passé du bon temps, elle n’était cependant que rarement entrée dans un bordel et la gêne la gagnait à chaque fois. Cette fois-ci plus particulièrement, elle n’avait jamais vu une telle débauche et une telle luxure en une même pièce de sa vie. Elle eut le temps d’apercevoir une chevelure blanche comme neige au comptoir avant de sentir un bras invasif s’enrouler autour de sa taille et des lèvres humides se plaquer dans son cou. Devenue raide, une grimace de dégoût sur le visage, Lei manipula sa lance de telle sorte à ce que la pointe supérieure se retrouve proche du visage de l’homme, sifflant d’une voix légèrement sarcastique :

« — Vous devriez me lâcher avant que je n’abîme votre si charmant visage. »

Elle le sentit se reculer précipitamment, l’insultant et jurant à qui mieux mieux. Le regard méprisant de Lei se tourna vers lui un instant avant qu’elle ne reporte son attention sur le bar. En elle, le désir de quitter cet établissement immédiatement se disputait avec la curiosité de savoir à qui appartenait la chevelure blanche qu’elle avait entraperçue. A présent qu’elle avait saisi l’ambiance dans laquelle elle se trouvait, elle sentait les regards dérangeants parcourir son corps. De ce qu’elle avait rapidement remarqué, les femmes n’étaient pas toutes particulièrement engageantes. De façon objective la magicienne pouvait donc comprendre pourquoi elle attirait tant de regards, ce qui ne lui plaisait pas pour autant. Son regard émeraude accrocha de nouveau la chevelure couleur neige qu’elle cherchait et elle s’aperçut qu’elle appartenait à une jeune femme. Sensiblement de son âge – peut-être un peu plus âgée –, celle-ci semblait passablement amochée et épuisée et le verre devant elle semblait ne pas contenir d’eau, ce qui inquiéta passablement Lei.

Conduite par son inquiétude et sans vraiment prendre le temps de réfléchir comme à son habitude, la Torran se dirigea vers l’inconnue, reléguant les autres occupants du bâtiment à l’état de fond sonore et visuel sans importance. Ce fut en s’approchant que Lei se rendit compte que sa chevelure était loin d’être son seul avantage physique. La femme devant elle était belle et Lei rendait silencieusement hommage à sa beauté. Elle avait rarement vu pareille joliesse, surtout dans un tel lieu. S’installant à ses côtés, Lei offrit un sourire au tenancier avant de commander un verre. Si ce n’était pas de l’alcool trop fort, il était certain que cela ferait tourner les têtes à plus d’un. Lei le savait mais ne s’en inquiétait pas, elle avait une bonne résistance à l’alcool et il lui faudrait plus d’un verre pour être cuite. Les regards chargés d’envie étaient toujours posés sur sa silhouette peu habillée mais Lei s’efforçait de les oublier. Elle aurait aimé être un peu plus couvert à cet instant-là mais il était vrai qu’elle n’avait pas prévu de finir dans un bordel des rues malfamées, raison pour laquelle elle n’était vêtue que de sa jupe relativement courte et de son débardeur tout aussi court qui constituaient sa tenue habituelle. Son regard curieux se tourna vers sa voisine et elle contempla les signes évidents d’une fatigue écrasante. Les cernes en premier lieu mais également une certaine lassitude dans son regard. Un regard aux reflets mouvants hypnotisant, un émeraude bien plus étincelant que le sien, de son avis, bien que passablement terne en ce moment même. Ses yeux tombèrent plus bas pour la détailler et s’écarquillèrent légèrement en contemplant le tissu imprégné d’un vermeil sanglant qui dut être blanc autrefois sur son bras gauche. Elle était salement blessée et son bandage ne valait pas grand-chose.

Son verre lui fut enfin servi et Lei remercia le tavernier d’un nouveau sourire. Ce n’était pas tant qu’elle voulait le charmer qu’un réflexe venu de son éducation. Elle avait toujours été élevée dans une atmosphère particulière, presque protégée au sein de l’archipel puis de la caravane, aussi son sourire était une sorte d’automatisme à présent. Elle but une gorgée, fermant les yeux pour s’habituer à la chaleur alcoolisée qui descendit le long de sa gorge, et attendit quelques instants après avoir ouvert les yeux que le tenancier s’éloigne de quelques pas pour avoir une pseudo intimité. Elle prit enfin la parole, son regard fixé sur son verre.

« — Tu devrais soigner cette blessure ou tu vas te vider de ton sang. »

Lei releva la tête pour la regarder avec un sourire amical, légèrement mal à l’aise mais concentrée sur l’inconnue qui semblait relativement normale pour faire abstraction du reste de la population de l’établissement.

« — Je m’appelle Lei et… » Son regard parcourut rapidement la salle, une légère grimace ourlant ses lèvres, avant qu’il ne revienne sur la femme aux cheveux de neige avec un infime sourire embarrassé. « Je ne sais pas vraiment ce que je fais ici, on ne va pas se mentir. » Elle la détailla une seconde, restant silencieuse, avant de regarder ses yeux émeraudes et de continuer, légèrement embarrassée. « Et toi, tu n’as pas l’air d’être une cliente… ni une prostituée. »

Lei se fustigea légèrement d’avoir laissé tomber ce mot cru de cette manière mais elle n’était pas réputée pour sa délicatesse. Elle avait tendance à ne pas réfléchir avant de parler et il lui arrivait souvent de regretter ses mots. Cette fois-ci cependant elle ne reprit pas la parole pour se corriger, elle ne savait tout simplement pas quoi dire pour rester polie ou « correcte ». Sans compter que dans un endroit pareil la politesse semblait être au niveau du plancher : bien bas et recouvert d’une certaine couche de crasse.
©Elena Chase


HRP:
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۞ 1ère apparition : 12/06/2017

۞ Rukhs : 57

۞ Rukh rose : Célibataire

۞ Localisation : Kou

Fiona
Fiona

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MessageSujet: Re: [18+] Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstres... [5 de Chaabane 1002]   [18+] Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstres... [5 de Chaabane 1002] EmptyJeu 7 Sep - 20:18

À celui qui fut, est et sera...



Certaines se seraient senties envahies par ces regards insistants, d'autres auraient piqué la mouche, peu enclines à être perçues comme des bouts de viande. Fiona, elle, était seulement trop ravagée par la fatigue, renforcée plus encore par son jeûne. Face à elle, le tenancier aux pattes courtes qui venait de lui laisser le verre face à elle. Trop confiant en sa boisson, il ne se permit même pas de demander le paiement en retour. Il était évident que le bougre songeait qu'il obtiendrait son dû tôt ou tard. Derrière elle, un événement commun se produisit, mais elle ne se retournait même pas. Un client tentait une approche tactile sur l'une des nombreuses prétendantes du coin. Ce qu'il récolta fut une menace cinglante et sûrement suffisante, Fiona n'en sut pas plus, sans avoir à inspecter la scène. La chasseuse de monstres était restée devant le comptoir, le bras droit posé, devant une contemplation silencieuse de ce remontant. Elle semblait vraiment ailleurs. Dans son esprit, mille idées entrèrent en collision. Les principales concernaient son empoisonnement, ternissant l'éclat naturel de son regard. Les autres étaient pour cette famille qu'elle n'avait plus ou encore pour celle qu'elle aurait dû avoir. En un mot, l'idée de mort l'entourait de son étreinte glaciale.

Une inconnue vint s'approcher du comptoir, commandant elle aussi un peu de réconfort. Fiona reconnut sans mal que cette femme là était celle qui s'était ardemment défendue de quelques attouchements quelques minutes auparavant. La chasseuse de monstres ne voulut émettre aucun jugement sur cette personne, que sa tenue fût légère ou que ses gestes dussent se montrer trop provocateurs. Fiona lui accorda un très bref regard, ne l'apercevant qu'à peine. Elle comprit qu'elle eut à faire avec une jeune femme aux cheveux ébènes, aux yeux d'une semblable couleur que les siens. Rien ne fut remarqué de plus précis pour la blanche chevelure. Dans d'autres circonstances, elle se serait sûrement attardée à la détailler, ou même à se comparer à elle, si l'humeur lui en était. En ce jour, la lassitude la gagnait, son seul objectif était de trouver une solution à son problème... toxique. Quoiqu'elle ne s'intéressait pas à cette natte qu'elle ne remarqua même pas, Fiona put sentir le poids de plus d'un regard sur elle. Était-ce son état qui la faisait penser que cette jeune femme non loin la contemplait aussi ? Au moins, la belle dame réunissait tout le monde pour une idée commune: la sauter.

Sans savoir qu'un regard s'était posé sur sa blessure, Fiona porta machinalement sa main droite à son bras gauche, serrant du mieux qu'elle le pût le linge vermeil. Dans son dos, deux hommes saisirent par les cheveux châtains une quarantenaire amochée par le labeur. Les deux disposant de leur engin à l'air, ils disposèrent ce morceau de bonne femme sur une table qui grinça déjà sous le poids. Là, l'un lui saisit les chevilles et l'autre les poignets. Bien que sûrement habituée à des pratiques de cet acabit, la femme semblait affolée mais par une maîtrise de soi inattendue; se laissait faire, sans trop de gémissements face à une brutalité non contrôlée. Quand l'un lui entama l'anus sans crier gare, elle brailla, allongée sur le ventre, sur cette table poisseuse de boissons commandées peu avant. Pour seule compensation, l'autre, plus timide, se saisit de son sexe et le faisant tournoyer fièrement un moment, eut la brillante idée de lui ôter toute action de paroles pour la mener vers une action plus saine. La tenant fermement, elle n'eut d'autre choix que d'engloutir ce qui se présenta alors à elle. Les deux hommes étaient ravis et leurs gémissements en témoignaient, tandis que les yeux rougis de la femme lâchaient quelques larmes. Pour Fiona, ce ne fut qu'un bruit de fond, qu'elle ne put même pas analyser, qu'elle ne comprit pas et qui ne l'intéressait pas. Elle n'en eut pas conscience.

Peu avant, la jeune femme aux cheveux noirs s'était essayée à ouvrir une discussion avec Fiona, qui ne dévoilait à son interlocutrice que son œil gauche et sa cicatrice marquée. Quand cette femme se présenta, Fiona s'accorda à lui adresser un regard plus appuyé, mais pourtant forcé. La chasseuse de monstres vit une fraîcheur étonnante dans le regard de Lei et quelque chose d'exotique. Quand le mot "prostituée" tomba, les deux hommes avaient commencé leurs réjouissances.


« Et pourtant, je suis une femme qui aime être payée pour les services qu'elle rend. »

À l'accoutumée, la charmante demoiselle aurait passé une de ses mains dans les cheveux, tentant un clin d’œil ravageur, ou aurait au moins esquissé un sourire pour souligner une subtile plaisanterie. Sans connaître Fiona, des idées pouvaient émerger d'un esprit fatigué comme le sien. Elle avait son regard terne qui appuyait davantage les cernes qu'elle arborait et la lenteur de ses mouvements.



« Si on m'avait dit qu'on se recroiserait à nouveau dans un endroit de débauche avant ça, je me serais refusé moi-même ta douce couche, Fiona. »



La phrase tomba aussi dure qu'un marteau sur une enclume et si soudainement qu'un orage en plein été. Fiona mit quelques secondes à identifier celui qui lui avait lancé fièrement son entrée en matière. À moins d'une dizaine de mètres, se trouvait un colosse qui venait de descendre les dernières marches d'un escalier de bois flotté. Large d'épaules, les pectoraux saillants, cet homme était la représentation d'une virilité assumée et de durs jours de labeur ou d'entraînement. Aucun être ne pouvait avoir un corps pareillement sculpté par des années de paresse. Son torse complètement dénudé affichait de multiples tatouages aux encres variées. Il était une oeuvre d'art vivante, aussi bien pour le corps qu'il affichait que pour le dessin qu'il détenait sur sa propre peau. Pourtant, de multiples cicatrices venaient défaire la perfection, bariolant l'individu de toute part, notamment à hauteur de sa joue gauche par la présence de deux cicatrices jumelles. Ceci faisait si bien écho à la propre cicatrice de la demoiselle aux cheveux blancs que cela en devenait perturbant. De longs cheveux fins et noirs comme les nuits d'hiver étaient tenus par un tissu pourpre enroulé dans ses cheveux, servant de bandeau. L'imposante carrure de l'homme dénotait avec le sourire calculateur et malsain qu'il arborait tout juste. Ses yeux d'un vert clair se posaient sur les deux demoiselles, d'abord lentement sur Lei puis ne quittant plus la blessée. Cet homme qui se rapprochait d'elles était le seul des lieux à encore bénéficier d'un pantalon, celui ci ample et découpé au niveau des genoux, recouvert en partie par une étoffe légèrement pendante qu'il arrangeait autour de ses hanches.

L'homme passa juste à côté de Lei sans lui accorder trop d'importance et prit une mèche de cheveux blancs dans sa patte droite. Il la respira longuement et relâcha avant de rire, en tournant les talons vers la sortie. Il fut impossible qu'il ne vît pas sa blessure au bras.

« Je me tire d'ici, Fiona, je dois retourner au camp de Casoair. On est dans le coin en ce moment, passe nous voir à l'occasion. »

Son ton fut sans réelle intention de la persuader, y allant davantage par fausse courtoisie qu'autre chose. Il quittait déjà l'établissement, sans que l'atmosphère de luxure n'ait changé. Le regard que Fiona adressa à cet homme lorsqu'il tenait ses cheveux et lorsqu'il s'éloigna par la suite, mêlait dégoût profond et une passion inavouable. Cette étincelle soudaine de sentiments contraires put étonner ceux qui s'en aperçurent. Fiona, chamboulée par ces très courtes retrouvailles et harassée comme peu auparavant, laissa tomber son regard au bas du comptoir et murmura comme pour elle-même mais d'une voix encore audible :


«... Le Charognard. »



Pour toi, ma Charogne:
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۞ 1ère apparition : 07/05/2017

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Souhaya Salhi
Souhaya Salhi

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Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstre
05/07/1002


Si Lei avait un défaut c’était bien la curiosité. Et elle se disait qu’il faudrait peut-être qu’elle travaille là-dessus à l’avenir.

Comme on pouvait le deviner, Lei avait été curieuse. Et avait fini dans un bordel des rues malfamées. Elle aurait pu sortir tout de suite, elle avait sa lance et pouvait faire appel à la magie, il n’y avait donc pas vraiment de risque. Sauf que son regard vert avait accroché un éclat d’une blancheur lumineuse dans cette crasse. Et elle avait été curieuse.

La magicienne s’était avancée vers cet éclat, ignorant son environnement du mieux qu’elle pouvait, peu à l’aise avec ce genre d’endroits, et avait fini aux côtés d’une jeune femme. Un peu plus vieille qu’elle peut-être, de quelques années, pas plus, la joue déchirée par ce qui semblait être une vieille cicatrice et des yeux d’une couleur semblable à la sienne. Un vert émeraude qui semblait bien trop éteint à son humble avis. Il lui fallut baiser les yeux sur la silhouette élégante de la jeune femme pour comprendre cet éclat vert si terne. Elle était blessée, et salement. Ce qui lui servait de bandage était tinté d’un vermeil trop éclatant, signe d’un écoulement sans fin ou très récent et important. Elle allait se vider de son sang, liquide trop précieux pour que cela arrive.

Lei le lui avait dit. Elle avait commandé une boisson et offert un peu de son inquiétude et de son embarras pour lier connaissance. Elle voulait l’aider. La jeune femme lui laissait une agréable impression, Lei ne souhaitait pas qu’elle meure. Douce magicienne trop sensible. La femme lui répondit, trop morne, trop éteinte. Lei se mordit les lèves, un monde d’inquiétude pour cette étrange qui semblait à deux doigts de perdre un combat important contre l’inconscience. Elle ouvrait sa bouche, pour répondre, mais fut devancée par une voix tonnante.

Lei n’y aurait pas fait attention, vivre en caravane lui avait enseigné à mettre son environnement en fond sonore presque automatiquement, capacité dont elle avait usée et abusée depuis son entrée dans cet « endroit de débauche » tel que le colosse venait de le qualifier. Seulement la jeune femme avait réagi à la voix, si ce n’était au prénom, et avait cherché sa source. Lei avait donc refermé la bouche et s’était mise en retrait, ne souhaitant pas être impliqué dans cette conversation.

Le colosse qui avait parlé était immense. Son corps semblait être une œuvre d’art, sculpté pour l’efficacité, décoré pour le plaisir des yeux, des cicatrices lui ajoutant un certain charme malgré le désordre qu’elles semaient dans l’ordre. Ses yeux vert clair étaient un contrepoint élégant à sa peau tannée par le soleil, ses cheveux d’un noir brillant tel les plumes d’un corbeau étaient disciplinés à l’aide d’un bandeau pourpre ressortait élégamment. Il portait un bas, chose plus appréciée par Lei que ce qu’elle aurait d’abord pensé.

Lei lui trouva un sens esthétique surprenant : il était attirant. La magicienne ne ressentait pourtant que répulsion. Il y avait une chose qui la dérangeait profondément. Son attitude. Il savait être beau, il possédait cette arrogance que Lei trouvait repoussante d’un homme sûr de son physique. Il était subtil, c’était cependant déjà trop pour la sensible magicienne.

Ce n’était pas tout, il y avait autre chose. Qu’elle ne comprit que lorsqu’il s’approcha des deux femmes. Il avait l’air calculateur, malsain, trop pour que Lei daigne lui accorder la plus petite miette de confiance. Il ressemblait à ces marchands d’esclaves qui les avaient attaqués quelques années plus tôt, conduisant son oncle à Nirvelli, et à la mort. Son regard se posa sur Lei qui le lui rendit, neutre, ne cherchant pas le conflit sans pour autant reculer. On ne reculait pas face à un homme tel que lui. Puis le beau vert clair de ses yeux se posa sur la jeune femme aux cheveux immaculés et Lei s’autorisa cligner des yeux, les réhydratant avec un certain soulagement.

Lei observa l’interaction des deux balafrés. Ou du moins de celle de l’homme à l’intention de la femme sans que celle-ci ne semble réagir le moins du monde. Elle ne se permit pas de juger son geste, considérant ce qu’il avait dit plus tôt, mais se dit qu’elle ne l’aurait pas apprécié pour elle-même. Elle nota qu’il avait vu la blessure, sans la relever ni même y faire la moindre allusion, la jeune femme ne fit pas plus de commentaires. Il aurait certainement pu l’aider mais elle devinait qu’il était homme auprès duquel il valait mieux ne pas avoir la moindre dette, moins encore de dette de vie. De la même manière, son invitation semblait dégouliner de fausse cordialité.

Lei grimaça dans son dos alors qu’elle apercevait une femme sangloter sous l’assaut d’un homme. Sa pupille corrigea l’angle et elle put en faire abstraction, un lent sentiment de culpabilité rampant dans son cœur qu’elle s’appliqua à ignorer. Elle ne pouvait rien faire pour cette femme, ces femmes.

Lei força son attention à se reconcentrer sur l’homme qui s’éloignait. Elle ne l’aimait pas. Jugement rapide, certes. Lei était cependant de ces êtres qui savent cerner les personnes, elle-même décelait plutôt le côté positif, aveugle à la dangerosité par un simple désir de croire en la bonté du monde. Naïf, certes, mais bien des gens étaient adorables ainsi dévoilés plutôt que s’arrêtant aux apparences. Ce n’était pas le cas de cet homme. Lei était soulagée qu’il ne s’attarde pas.

Elle entendit un marmonnement du côté de Fiona et lui adressa un regard intrigué. Elle semblait partagée. Elle doutait cependant fortement que Fiona s’épanche et ne le lui demanda pas.


« —Charmant personnage, fit-elle d’une voix détendue, trop certainement pour ce genre d’endroits mais parfaitement Lei. »

Lei reprit son verre en avala une gorgée et secoua la tête, décidant de ne pas porter trop d’importance à cet homme qui semblait détestable.

« —Il faut vraiment soigner ton bras, tu vas finir par t’évanouir. »

La magicienne lui offrit un étincelant sourire, tranchant avec l’environnement de la manière la plus déconcertante possible. Elle ne maîtrisait malheureusement pas les soins. En revanche c’était le cas de sa tante et Karam qui, n’étant magiciens ni l’un ni l’autre, étaient parfaitement à l’aise avec la méthode traditionnelle.

« —Ma famille peut t’aider si tu veux. »

Une proposition naturelle dans l’esprit de Lei. Elle oubliait que tous n’étaient pas comme elle, que cela pouvait paraître suspect aux yeux fatigués d’une blessée. A vrai dire, se le rappellerait-elle qu’elle l’aurait proposée tout de même. Elle aimait aider et elle voulait aider cette femme.

Peut-être aurait-elle dû se rappeler d’une autre petite chose. Une chose en forme d’oiseaux et que Fiona possédait noire. Et la peur qu’ils pouvaient inspirer aux Torrans.
©Elena Chase
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۞ 1ère apparition : 12/06/2017

۞ Rukhs : 57

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۞ Localisation : Kou

Fiona
Fiona

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L'ivresse de la douleur

Une chose dérangeait la chasseuse de monstres. Bien entendu, sa blessure non traitée à son bras gauche pouvait expliquer cette soudaine prise de conscience d’une sensation désagréable. Plus fort que cela, il semblait que l’état d’esprit dans lequel s’était enfermé Fiona venait de s’effriter par le contact malsain de la Charogne. Oui, c’était donc bien cela, cet homme avait réveillé en elle un profond dégoût maintenant qu’elle se remémorait leur « histoire ». Il y a près d’un an, elle s’était égarée à trouver réconfort dans les bras de parfaits inconnus et la promesse d’une nuit avec elle avait alléché les prédateurs. Presque heureuse de voir s’étriper quelques vermines qui n’étaient de toute façon même pas visée par son invitation, Fiona vit un homme au bandeau rouge se présenter à elle. Il était loin d’être repoussant et même son air prétentieux avait séduit la belle demoiselle aux cheveux blancs. Il tenait dans sa main un large sac, se déformant sous le poids de ce qu’il transportait. Rapidement, elle avait pu percevoir le sang traverser le fond du sac de cuir. Elle s’était d’abord montrée très troublée, puis l’homme se présentant sous le nom de Vanek s’était expliqué.

« Quoi de plus naturel que de te séduire, demoiselle chasseuse d’atrocités, par le trophée rapporté d’une créature qu’on qualifie de légendairement dangereuse. »

Il avait pris ce ton hautain et utilisé une façon de s’exprimer qui n’était définitivement pas la sienne et cela se ressentait quant à son aise pour s’exprimer. Le bras tendu, du sang dégoulinant sur le plancher de l’établissement, sa main s’était ouverte et la masse s’écrasa au sol dans un bruit sourd. Fiona s’était avancée, curieuse mais prudente vers le sac, rien ne semblait bouger. Des murmures s’élevaient de la salle, tous regardaient à présent la scène, époustouflés par le geste de Vanek et angoissés par la découverte de ce qui était entreposé dans ce sac. L’homme aux cicatrices affichées avait son sourire et son regard perçant d’une malice éclatante. Il riait doucement, avant de dévoiler d’une voix tonitruante :

« Mon sac est fait ! Ha ha ha ! »


Fiona ne releva pas cet accès de fierté, et s’agenouilla près du sac afin d’examiner ce qu’il contenait. Des deux mains, elle sortit à peine du cuir ce qu’il renfermait, et ses yeux s’écarquillèrent. Encore sous le coup de cette surprise, elle détaillait ce qui semblait être une tête décharnée, pourvue d’une paire de canines développées, de restes de peau blanchâtres, d’un nez absent, remplacé par seulement deux narines. Fiona en avait été bluffée, pantoise, elle avait du mal à y croire, un vampire ? Ce n’était donc pas une légende ? Elle voulait faire un examen plus détaillé de cette étrange tête. Hélas, elle n’en eut pas le temps. Vanek la ramassa par la taille et la colla sur son épaule, la faisant lâcher la tête qui vint s’écraser par gravité. Fiona était tellement intriguée par cette révélation qu’elle en oubliait tout le reste, même le fait qu’elle était quasiment capturée par quelqu’un qui avait gagné sa couche. Cet homme s’était montré bon amant, bien que très viril dans sa façon d’apprivoiser la chose, trop viril peut-être même. Si la nuit l’avait harassée, elle ne vit pas l’homme quitter la chambre au lever du jour, elle ne se leva que quelques heures plus tard. Elle en gardait finalement un souvenir plutôt agréable même si elle crût bon nombre de fois que sa « crinière » allait s’arracher dans les pattes du lion. Un peu douloureuse, elle était retournée dans la salle du bas, trop enjouée par la perspective de détailler la créature légendaire. Elle n’avait jamais rencontré pareille calamité, et Fiona ne savait même pas si elle aurait pu en rescaper en en croisant une. Tout retomba bientôt. Avec un examen approfondi de quelques instants, elle comprit une supercherie aussi ingénieuse qu’ignoble dans son procédé. La tête était celle d’un homme, un homme seulement terriblement torturé, défiguré puis décapité proprement. Trop proprement même, signe qu’il n’y eut pas de combat précédant son exécution. Et les fausses dents… Des dents de loup sûrement qu’il avait enfoncé dans la mâchoire de l’infortuné. Fiona avait retourné la tête dans un sac, l’avait brûlé loin dans la campagne et tâcha de ne se rappeler à jamais que la nuit mouvementée, d’oublier qu’un homme, peut-être esclave était mort pour qu’on couchât avec elle.

Cette histoire morbide revint au galop dans l’esprit de la jeune demoiselle alors qu’elle venait de finir sa boisson d’un seul trait. Elle était comme partie pendant un long moment, son regard s’était vidé, ses yeux devenus vitreux. Encore à ce jour, elle trouvait l’homme attirant mais l’atmosphère qu’il instaurait l’avait rendu méprisable, pis encore, marquant un dégoût profond pour qui le connaissait mieux. Fiona n’avait osé bouger quand il s’était saisi de ses cheveux, non pas par peur mais par un déchirement intérieur, de curieux sentiments contraires qui l’avaient rendu incapable de répondre ou de réagir. Une partie d’elle-même aurait souhaité lui cracher dessus et une autre enrouler ses bras autour de sa nuque, en caressant ce torse musclé. En ajoutant la fatigue à ce cocktail, ses réflexes étaient proches du néant. Rejoindre Casoair ? Ce n’était pas ce mercenaire faussement chevaleresque qui avait perpétré des actes de barbaries et de violence extrêmes, versé dans l’enlèvement et le viol à outrance ? Oui, définitivement, Fiona irait bientôt rejoindre ce campement pour revoir Vanek et son ami, car après tout son pronostic vital n’était pas engagé. Le Charognard… Fiona comprenait mieux en quoi son surnom ne lui était pas usurpé.

La chasseuse de monstres finit par sortir de son état végétatif, par un frisson qui la parcourut, et son corps réagissant visiblement à ce nouveau ressenti. Elle s’ouvrit au monde, une volonté l’enivra et une flammèche dans son regard chassa toute lassitude. Fiona ne comprit pas immédiatement ce qu’il en était, alors elle détailla sans s’en cacher son environnement, son attention fut portée très vite sur cette femme et enfin, elle s’y attarda longuement. Fiona put poser son regard dans le sien, mais pas avant d’avoir examiné la fille face à elle, de bas en haut. Cela ne prit qu’un temps, et un sourire illumina le visage de la jeune femme aux cheveux blancs. Cette vagabonde avait des formes agréables, une peau hors d’atteinte des périples extérieurs et une tenue légère qui savait attiser les flammes intérieures de celui qui s’y attardait. Ses cheveux intéressèrent la chasseuse de monstres, pour ce troisième regard échangé mais première conversation visuelle. D’aventure, les femmes s’en souciaient et se paraient d’inutiles atours, mais celle-ci avait des qualités naturelles physiques indéniables qu’elle ne confortait pas pour autant par la perfectibilité. Cette jeune femme venait tout juste de lui offrir en échange un sourire étincelant, précédant des paroles engagées et témoins d’inquiétude. Enfin, Fiona comprit. Ce qui semblait être au départ la lumière et la bienveillance d’une charmante femme à ses côtés qui la fit se sentir si bien si vite, fut tout autre. Une douleur intense parcourut le bras de la jeune femme et en quelques secondes, elle sentit un étau lui enserrer le crâne brusquement. Fiona se saisit de sa main son bras marqué par la blessure, en quelques instants, la blessure saignait à nouveau, le bandage improvisé, imprégné et collé à la plaie. Fiona, qui sentit son monde vaciller, comprit que ce précédent et soudain moment de bien-être fut un des effets du poison. L’effort de son corps avant les ténèbres.

La chasseuse de monstres avait endormi ses réflexes, s’était résignée et avait patiemment attendu que vienne ce moment où le mal l’emporterait sur ses capacités physiques. Il fallait réveiller son instinct, et paradoxalement ce fut une fois qu’elle se sentit au plus mal que sa réponse à la douleur fut la plus remarquable. Elle laissa sa tête retomber en avant, le menton presque collé le haut de son buste, une fois que ses yeux se fussent clos. Et pourtant, sa main pressant toujours son bras sanguinolent, une force intérieure se manifestait. Celle-ci ne se retrouva qu’essentiellement dans le ton qu’elle employa à la jeune femme à ses côtés, sa voix était sûre, ferme et même impérieuse. Dans un état presque critique, Fiona, sous l’impulsion d’une volonté nouvelle, ne put s’empêcher toutefois un trait d’esprit, signe qu’elle avait encore une présence et une capacité à ne pas sombrer dans l’instant.

« Tu veux m’aider, moi, une complète inconnue ? Et pourquoi moi alors que d’autres peuvent déjà nous supplier depuis que tu es rentrée ? Qu’ai-je de si différent, sinon le sang ? Leur sort est plus enviable ? »

Fiona faisait référence à cette dame qui venait de voir sa séance privée avec ses deux hommes, terminée par leur jouissance propre. Sa seule intention était de désarçonner cette jeune secouriste aux élans discutables. Rien de plus délicieux que de confronter une âme « pure » face à sa propre sottise. La jeune femme, si elle avait complètement ignoré les pleurs, les cris, la souffrance, s’attardait néanmoins sur une inconnue aux cheveux blancs, qui, elle ne se plaignait de rien. Pourquoi une telle hypocrisie ? Cependant, malgré les apparences, cette inquiétude était aussi accueillie chaleureusement en son for intérieur, cette personne était d’une gentillesse et d’une compassion touchantes, à son égard. Un sourire s’aligna sur le visage de Fiona qui se redressa au prix d’un geignement. Elle aurait adoré la regarder se morfondre et se remettre en question des heures durant, mais la chasseuse de monstres ne les avait peut-être pas, dans cet état. En même temps qu’elle rouvrit les yeux, elle fit attention à ne plus croiser le regard de cette jeune femme à la tenue légère. Comme si elle regardait sur le côté, Fiona commençait déjà à quitter le comptoir, s’appuyant des deux bras sur le bois. Elle murmurait alors, dans le même instant :

« Tu auras tout loisir d’y repenser, j’ai besoin de ton aide. Voici ce qu’il faut faire : aide-moi à aller à l’étage pour me trouver une chambre, là, il te faudra être rapide et efficace. Il me faudra de l’eau, un peu d’opium, du citron pressé, quelques racines d’échinacée et du miel. Bien sûr des bandages propres si tu trouves ça. Ce n’est pas une simple blessure… Je t’en prie, aide moi, mais montons d’abord.»


Fiona ignorait si on l’avait entendu dans la salle, si son départ était observé, mais la plupart avait soit fini leurs entreprises, ou bien était déjà dans l’action. Elle avait alors, sans autre forme de procès, passé son bras meurtri autour de la nuque de cette femme à la natte ébène. Fiona ignorait sa réaction mais savait simplement qu’une fois en haut, dans cette chambre, elle attendrait sagement que cette femme s’en aille et revienne avec ce qu’elle avait demandé ou même exigé d’elle. Pourtant, à chaque minute, Fiona perdait de sa force, de sa volonté et son regard se ternissait à nouveau. Cette-fois ci, le poison ne redonnerait pas de nouvelle chance, son corps avait fini de le combattre avec ses propres ressources.


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۞ 1ère apparition : 07/05/2017

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Souhaya Salhi
Souhaya Salhi

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Car elle était magicienne, car elle était chasseuse de monstre
05/07/1002

Lei n’aurait jamais pensé un jour se trouver dans la situation présente. Non contente de s’être retrouvée par simple curiosité dans un des pires endroits de débauches qu’elle avait visité de sa vie, la jeune magicienne avait offert avec toute la sincérité du monde son aide à une inconnue. Celle-ci saignait, certes, mais si Lei était naïve, elle était également honnête. La beauté de la femme aux cheveux de neige l’avait touché et intrigué, sa curiosité – cette damnée qui l’influençait sans rencontrer de résistance, toute contente de la suivre qu’elle était – avait joué de nouveau avec son esprit et Lei avait proposé les services de sa famille. Sans doute avait-elle de nouveau occulté cet aspect, qui était important pour tout autre qu’elle, qu’étaient les rukhs noirs de la blessée. Le cœur sur la main avant toute chose, Lei offrait son aide et celui de celle des autres – qui ne lui appartenait pas de décider – sans arrière-pensées et avec une sincérité touchante. Touchante et potentiellement dangereuse pour ses proches, une autre chose qu’elle oubliait dans son inconscience.

Lei vit l’étincelle de conscience dans les orbes jusque-là comme mortes, même lors de l’intervention précédente de l’homme à l’allure ignoble. Un zeste de soulagement et de contentement passa dans le cœur et les yeux de Lei, avant que l’inquiétude ne le chasse. Fiona avait bien recouvré ses sens et la sensation de douleur avec ceux-ci. Lei ne savait si elle devait s’en réjouir ou s’en inquiéter. La blessure état sérieuse, ce n’était peut-être pas une bonne chose qu’elle devienne si douloureuse que la femme aux cheveux de neige s’en rende compte dans son état. Elle allait se pencher vers elle, une main inquiète tendue pour la soutenir. La femme parla avec la verve que donnait la souffrance aux blessés et Lei se redressa, grimaçante, prenant la moquerie et la méfiance de plein fouet, un coup physique pour son âme à la culpabilité rampante.

La magicienne n’avait aucun désir de répondre et ne le fit pas. Lei culpabilisait déjà de ne rien pouvoir faire pour ces femmes mais elle ne risquerait pas la pérennité de la caravane – sa famille – pour elles. Aider une seule femme qui semblait être cliente et était blessée ne représentait pas de danger. Libérer ces femmes leur mettrait trop de monde à dos pour qu’elle puisse risquer d’agir. La jolie et jeune femme était peut-être naïve et innocente mais elle ne vivait pas dans un monde idéalisé. La vie était trop cruelle pour se bercer d’illusion héroïque.

Aurait-elle voulu répondre qu’elle n’aurait pas pu ; la femme avait repris la parole en se levant, s’appuyant lourdement sur le comptoir. Elle énumérait ses instructions et Lei l’écoutait silencieusement, s’efforçant de graver les ingrédients nécessaires dans sa mémoire. Son sourire si lumineux s’était effacé pour une mine grave qui se reflétait dans ses yeux au vert étincelant. Elle soutint sans faillir le poids de la blessée lorsque celle-ci passa son bras sur ses épaules et la soutint en montant les escaliers. La magicienne était aussi délicate que possible dans ses mouvements mais elle ne pouvait diminuer la douleur qui semblait consumer le peu de force qu’il restait à Fiona.

Lei l’installa précautionneusement dans la première chambre vide qu’elles trouvèrent, referma soigneusement la porte et courut dans la rue pour trouver les fournitures que Fiona avait mentionnée. Ses dents attaquaient sans relâche la peau tendre de sa lèvre inférieure alors qu’elle cherchait une échoppe qui lui vendrait le tout. Le temps s’écoulait bien trop vite pour la jeune magicienne qui sentait presque la vie s’écouler hors de cette inconnue qu’elle voulait sauver avec le flux continu de sang qu’elle avait perdu et perdait encore. Elle courut, vola même à un moment donné, remercia Salomon d’avoir pensé à prendre de l’argent quand elle trouva enfin ce qu’elle cherchait, pâlit considérablement en se rendant compte qu’il lui manquait les racines et repartit vers un herboriste que lui indiqua approximativement le vendeur. Echevelée, elle remercia toutes les forces de l’univers quand l’herboriste acquiesça paresseusement à sa demande empressée de racines d’échinacée. Le plus simple aurait certainement de retourner auprès de sa famille où elle savait trouver la majorité des ingrédients et une guérisseuse experte mais le port était bien trop éloigné de ces sombres ruelles où elle s’était égarée pour qu’elle s’y risque. Lorsqu’elle avait proposé l’aide de sa famille elle ne s’était pas attendu à ce qu’une femme abrutie par la douleur lui tombe presque dans les bras.

Lei revint en courant vers l’auberge, esquivant des hommes à l’air concupiscent et dangereux en sautant au-dessus de leurs têtes avec un petit coup de pouce des rukhs. Les bras chargées, elle ralentit à peine pour retraverser la taverne malfamée où elle avait laissé Fiona et s’arrêta sur le pas de la porte, tentant de reprendre son souffle en respirant deux fois profondément. Elle ouvrit la porte et soupira de soulagement en constatant que la femme ne semblait pas avoir eu de visites surprises d’hommes trop peu respectueux – pour être dans l’euphémisme – et qu’elle s’était accrochée à la vie en l’attendant. Toujours fébrile mais avec un contrôle plus ferme sur ses nerfs, Lei suivit avec attention les instructions que lui donnait d’une voix coupée par la douleur la femme aux cheveux de neige et entreprit de la soigner. Cela prit longtemps, vraiment, mais Lei ne s’en occupa pas. Certes, la pression était autrement plus importante que lorsqu’elle travaillait dans la caravane et épuisait bien plus vite ses nerfs, d’un autre côté elle ne voulait pas voir cette femme mourir sous ses soins alors elle ignora la difficulté et fit ce qu’elle put, au maximum de sa concentration, ses dents attaquant de nouveau ses lèvres.

Une fois les soins proprement dits terminés, Lei s’installa au pied du lit et veilla la blessée. La tension s’évanouit en grande partie, l’assommant presque de fatigue, mais elle ne dormit que d’un œil, trop inquiète pour véritablement se reposer. Elle eut une pensée pour sa famille qui devait s’inquiéter de son absence mais c’était bien la dernière de ses préoccupations immédiates alors elle la chassa de son esprit.

Tout ce qui l’inquiétait actuellement, c’était que cette femme qui n’était qu’une inconnue mais qu’elle avait voulu aider s’en sorte. L’inquiétude qui régnait dans son cœur et son esprit pour cette femme était sincère, elle ne souhaitait pas la voir mourir après avoir tenté de la soigner.  

Le lendemain matin, Lei fut réveillée en sursaut par un mouvement et ses yeux verts encore ensommeillé se posèrent sur ceux, beaucoup plus vivants que la veille, de Fiona. Son soulagement fut sincère et manifeste, tout comme le sourire qui éclaira ses traits à la voir survivre à cette blessure éprouvante. Elle devrait être prudente encore longtemps mais la jeune femme aux cheveux blancs vivrait, et Lei en était heureuse.
©Elena Chase
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