L'entente cordiale [pv : Zarad (le mage)]

Si on avait été dans une histoire racontée par un barde, ou celle écrite dans un rouleau de parchemin, l'évènement se serait déroulée sous des trombes d'eau. Il y aurait eu un terrible orage. Le vent  mugirait. Les éléments se seraient déchainés sous un ciel noir d'encre. Cela aurait figuré un crépuscule des dieux et des hommes.

Mais la réalité se complait rarement dans les mises en scène digne d'un auteur en manque d'inspiration.

C'est sous un ciel sans nuages, pur comme le printemps qu'il annonçait que l'enfant de 13 ans découvrit les têtes décapités de ses parents et de son frère ainé.

Elles le contemplaient du haut des grilles du palais royale, figées dans d'atroces souffrances. Leurs bouches grandes ouvertes dans une dernière râle n'était plus qu'un nid de vermine. Les asticots y grouillaient. Tout comme dans leurs orbites ; vides. Les corbeaux avaient commencé leur œuvre.

La douce lumière à son zénith n'épargnait aucun détails macabres au jeune garçon. La chaleur ayant accéléré la décomposition, la chaire purulente suintait dans une odeur abominable.

Son estomac se révulsa. Le garçon blond se détourna de cette vision d'horreur pour s'enfuir. Il s'arrêta prêt d'un arbre. Ses jambes refusèrent de le porter plus loin. De toute façon, courir ne servait plus à rien. L'image resterait gravée dans sa rétine.

Un haut le cœur. Scylla vomi. Ce fut de longs jets acides qui lui tordirent l'estomac. De terribles crampes l’accompagnèrent secouant son corps de près adolescent de spasme. Incapable de se contenir plus longtemps, ses joues se mouillèrent de larmes. Il griffa l'écorce en sanglotant.

Pourquoi ? Pourquoi leur avait on fait ça ? Il ré-entendait son père lui expliquant que le peuple devait être bien traité, qu'un monarque ne devrait œuvré que pour son bonheur. Il revoyait sa mère aider les plus démunis. Ils n'avaient pas mérité un tel sort. Non... aucun d'eux. Alors pourquoi ?

Une main se posa sur son épaule.


…


Scylla se redressa, en sueur, le souffle court, faisant sursauté un vieux sorcier édenté à l'air revêche qui travaillé à son bureau à l'autre bout de la pièce .

Il fallut plusieurs secondes au blond aux yeux rouges pour se reconnaître.
Que faisait il dans cette grande pièces lumineuses où les lits s'alignés par dizaine ? Où étaient les autres ? Où était il ?

Puis enfin la réminiscence des faits lui revint. Le test, zarad et le guerrier étrange. Il soupira se passant les mains sur le visage comme pour chasser les visions qui le hantaient. Pas étonnant qu'avec tout cela , les souvenirs de sa première rencontre avec un membre d'Al thamen refasse surface. 5 ans et la scéne restait toujours aussi vive dans sa mémoire.

Finalement le chevalier d'Ogléans répondit d'un sourire au mage qui avait accouru à son chevet, s’enquérant de son état. Un dénommait Petyr, si sa mémoire était bonne. Ce bonhomme était un des infirmier-sorcier de l'académie. Un brave homme, un brin utopiste et peut être un peu trop porté sur la bouteille à ses heures perdues.

«  Je vous remercie de vous inquiéter ainsi de ma santé, Monsieur. Je me porte comme un charme, ne vous alarmez pas. Juste un mauvais rêve. Depuis combien de temps suis je en ses lieux ? Il s'agit de l'infirmerie n'est ce pas ? »

L'autre grogna, agacé :

«  Cela fait deux heures que Zarad vous a ramené. Je n'ai pas l'habitude de critiquer mes collègues , mais je trouve ses manières absolument intolérables... si ça ne tenais qu'à moi cela ferais longtemps que je ne l'aurai pas laisser s'approcher d'un de nos élèves. Il m'a fallu utiliser 3 sorts de catégorie 5 pour vous remettre d’aplomb. »

Il continua à bougonner dans sa barbe, ma foi fort épaisse et crispant ses vieilles mains usées sur son bâton. Mais son monologue n'intéressait pas son interlocuteur. En effet, le prince quand à lui s’étirât, vérifiant par la même le fonctionnement de ses muscles.  Il ne ressentait aucune douleur , ni ne garderait de cicatrice de cet affrontement. C'était un bon point. Il aurait du être plus prudent. Son coup d'éclat avant de perdre conscience avait bien failli le tuer, tout autant que l'attaque de la créature.

Oui, créature, c'était le bon terme. Car le jeune ne pouvait plus considérer le pantin de Zarad comme un être humain. Aucune chose vivante n'aurait pu survivre à cette attaque, et les petites phrases de son confrère lui avait clairement indiqué que c'était lui qui le manipulait. Par quel biais ? De quel magie s'agissait il là ? L'héritier d'Ogléans était incapable de le dire. Mais la perspective de pouvoir créer une armée de golem à forme humaine et immortelle était fort alléchante.

Tranquillement, il s'assit sur le bord du lit et entreprit de remettre ses bottes.
Le soigneur s'en alarma :

«  Vous ne comptez tout de même pas quitté l'infirmerie ? Vous n’êtes pas en état ! Vous ne devriez même pas sortir de ce lit. »

Ignorant ces phrases, Scylla se leva et enfila sa robe d’élève de magostadt, puis boucla sa ceinture avant de vérifier que son épée et son sceptre étaient bien dans leurs fourreaux respectifs et qu'ils coulissaient correctement. Par contre, il n'y avait nul part trace de ses dagues. Le jeune homme fronça les sourcils mais ne mentionna pas cette disparition se contentant de dire au vieillard qui s'agitait :

«  Votre magie a fait des merveilles. Je me sens parfaitement bien. Veuillez pour cela recevoir mes plus sincères remerciements. »

Il finit de s'habiller en posant son chapeau noir sur ses cheveux blonds.

« Le professeur Zarad, aurait il laissé la moindre indication pour moi ? »

….

10 minutes plus tard , le prince frappait au bureau de son enseignant comme le demandait la lettre laconique que lui avait tendu Petyr.

Zarad es tu toujours de ce monde?

INVOCATIONNNNNNNNNNNNN!