Rattrapons le temps perdu (Kougyoku) [14/07/1002]

La ville de Kouhei se profilait à l’horizon en une sorte d’étrange montagnes irrégulières. Kougyoku avait envie de presser sa monture, d’accélérer un peu plus afin de croiser les yeux pétillants de joie de sa sœur ainée et son fin sourire ; un peu de bonheur et de positivité dans une vie bien morne. Cependant, elle garda son excès de joie au fond d’elle. Le chemin avait été rude autant pour les bêtes que pour les cavaliers et la subite perte de température n’avait pas aidé à conserver l’énergie nécessaire pour tenter quelque chose.

Littéralement enroulée dans sa cape, la jeune princesse s’amusait - dans le dos des soldats – à dégager des petits nuages en respirant par la bouche. C’était très enfantin mais lorsqu’elle se trouvait à proximité de Kouhei, son enfance perdue remontée brusquement à la surface et la gamine – qu’elle n’avait pu être – ouvrait les portes de son monde sans aucune cérémonie, prenant la totalité des rênes de la Kougyoku adulte.

Pas après pas, la ville se rapprochait et la jeune femme aperçue, la première, sa sœur l’attendre. Subitement, les passants, les marchands et même son escorte n’importaient plus. Elle talonna son étalon pour qu’il galope sur les derniers mètres qui les séparaient !

Désormais à la hauteur de sa sœur, un sourire ravi sur les lèvres. Kougyoku n’osait pas franchir les derniers mètres les séparant. Elle ne savait pas si c’était dû à son escorte qui arrivait complètement paniquer d’avoir cru la perdre ou celle de Kouhei qui la regardait avec attention. La jeune princesse n’avait jamais été très douée pour exprimer ses véritables sentiments et elle espèrait secrètement que l’ainé comprendrait quand même qu’elle était heureuse de la voir et de se trouver là.

En arrière-plan, la ville de Wa se dressait fièrement et il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention de la jeune femme qui n’avait presque pas quitté le palais. Curieuse, elle pencha légèrement la tête puis commença à se décaler comme si elle était attirée par ce lieu encore inconnu. Dans un coin de sa tête, elle se jura d’en faire le tour avant de partir quitte à devoir rallonger son séjour. Ce n’était pas comme si elle allait manquer à quelqu’un, quoique, peut-être que Famita s’inquièterait de son absence trop longue mais Kougyoku la préviendrait avant qu’une crise d’angoisse ne vienne perturber son amie.

Son regard, désormais pétillant de curiosité, se tourna vers sa sœur.

« Tu me feras visiter ? osa-t-elle demander, incertaine. »

Son étalon, toujours à ses côtés, racla le sol de son sabot et s’agita quelque peu. Il était épuisé et semblait le montrer ouvertement. Kougyoku lui caressa l’encolure, il avait toujours eu un petit caractère étrange et semblait trouver le moyen de faire comprendre ses envies aux êtres humains qui s’occupaient de lui.

« Merci de m’accueillir ! »